Cet essai dresse le portrait de la ville de Wuhan qui est au cœur de l’actualité depuis l’apparition du Covid-19, et relate les expériences du confinement racontées par ses habitants ordinaires, mêlant souffrance, désespoir, indignation et élan de solidarité.
Première ville du centre de la Chine, avec plus de 11 millions d’habitants et une superficie de 8569 km2, Wuhan, une ville déjà mondialisée, a été tout à coup placée en janvier 2020 sous les projecteurs des médias du monde entier après l’apparition du Covid-19 sur son sol [1]. Jusqu’à ce jour, trois phases se distinguent dans les façons dont la presse française a abordé Wuhan et la Chine depuis le début du Covid-19. Les médias se sont souciés, dans un premier temps, des manières dont cette épidémie a été rendue publique et gérée au fil chronologique à Wuhan puis plus largement dans la société chinoise, ainsi que des répercussions de la gestion de cette crise sanitaire sur les vies sociale, économique et politique du pays. On s’est ensuite inquiété des conséquences de cette épidémie à l’échelle mondiale : non seulement la propagation mondiale de l’épidémie (devenue pandémie le 11 mars 2020) et la sécurité sanitaire globale ; mais également la chaîne de valeur mondiale, les enjeux géopolitiques et les crises de gouvernance. Enfin, depuis que les nouveaux cas se sont avérés peu nombreux en Chine et que le Covid-19 s’est propagé largement en Europe et en Amérique du Nord, la ville de Wuhan réapparaît dans les médias étrangers qui s’intéressent aux expériences chinoises de gestion de la crise, notamment celles du confinement et des traitements cliniques.
Dans chacune de ces trois phases, la presse française en dit peu sur cette ville et son histoire ; on voit rarement apparaître les habitants ordinaires de Wuhan et leur quotidien profondément bouleversé. Cet article se propose d’apporter quelques nouveaux éléments en visant à combler ces deux lacunes : d’une part, donner à voir une ville en son temps normal avant la crise, et inscrire le moment du Covid-19 dans ses contextes historico-socio-économico-politiques, allant de repères historiques aux ressources médicales et sanitaires dotées de la ville, en passant par ses modèles économiques, ses stratégies de développement et ses connexions internationales ; d’autre part, donner la voix aux sans-voix et aux invisibles acteurs ordinaires – habitants confinés de la ville – qui reviennent sur leurs expériences de confinement au fil chronologique ; ce qui nous offre un autre regard sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 à Wuhan, y compris sur l’acceptation des mesures de confinement par la population de Wuhan et sur l’« efficacité » des mesures chinoises.
Au centre de la Chine
Les premières traces de vie aux environs de Wuhan remontent au Néolithique (il y a entre 8000 et 6000 ans) et la fondation de la ville de Wuhan a eu lieu à la dynastie Shang (1570 – 1045 av. J.-C.). Le détournement de la rivière Han, sous la dynastie Ming, en 1474 de notre ère, a bâti la configuration géographique actuelle de la ville, qui se fonde au départ sur trois districts (Hankou, Hanyang et Wuchang), divisés par le fleuve Yangtzé et la rivière Han.
En 1861, Hankou est devenue un port ouvert aux Occidentaux par le Traité de Tianjin (signé en 1858) et d’une ville commerciale traditionnelle s’est transformée en une métropole marquée par la présence internationale : plusieurs concessions anglaise, russe, allemande, française et japonaise y furent progressivement ouvertes. En 1862, le consulat français fut établi à Hankou. Au début du XXe siècle, devenue la deuxième métropole de Chine, après Shanghai, Hankou a été renommé « Eastern Chicago ». Vingt entreprises françaises se sont alors implantées à Hankou. À la même époque, Wuhan était également le berceau de l’industrie moderne de la Chine et continue à être, de nos jours, une importante base industrielle du pays.
En 1882, le magazine français Le Tour du Monde, nouveau journal des voyages, publiait une dizaine de photographies et de croquis montrant le paysage de Wuhan et la vie urbaine. C’est la première fois que la ville de Wuhan est présentée au grand public français. Le 29 novembre 1893, le gouverneur du Huguang, Zhang Zhidong, qui préconisait une réforme contrôlée, demande à l’Empereur Guangxu (dynastie Qing) la création de l’École Ziqiang (自强学堂, le premier institut universitaire de la Chine moderne) à Wuchang, où le français est enseigné, et qui est devenue ensuite l’Université de Wuhan. Lieu de naissance du soulèvement de la Révolution chinoise de 1911, Wuhan a été pendant quelques mois la capitale du gouvernement nationaliste en 1927.
Depuis, l’histoire de la ville, ancrée dans celle du pays, se construit autour des différentes phases de la guerre civile chinoise, de la guerre sino-japonaise, de la fondation de la RPC, de la révolution culturelle, de la réforme et de l’ouverture… En 1964, après l’établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, le premier ministre Zhou Enlai et le président Charles de Gaulle attribuent un rôle stratégique à Wuhan dans les échanges bilatéraux [2]. Dans les années 1980 et 1990, avec le développement accéléré des régions côtières de l’Est et du Sud, beaucoup d’habitants de Wuhan ont pris la décision de s’y rendre et de migrer vers le Sud à des fins économiques. En 2004, une politique économique nommée « La montée de la Chine centrale » (中部崛起计划) vise à accélérer le développement des régions centrales – six provinces parmi lesquelles celle de Hubei, dont le chef-lieu est Wuhan. En effet, par rapport aux autres villes de ces six provinces, la ville de Wuhan représente un avantage unique et stratégique en termes de localisation géographique : dans un rayon de 1000 km autour de cette ville, la population s’élève à 1 milliard d’habitants et 90 % de l’économie totale de toute la Chine y est concentrée.
Qualifiée du « centre du centre » (中部地区中心城市) de la Chine, Wuhan a été désignée par le gouvernement central en 2009 comme « ville pilote nationale de l’innovation », et l’un de ses districts, 东湖新技术开发区 (Donghu New Technology Development Zone, aujourd’hui aussi connu sous le nom de « Optics Valley of China » - 中国光谷), a été approuvé comme la seconde « zone nationale indépendante de démonstration de l’innovation » (国家自主创新示范区), après 中关村 à Beijing (au total, 16 en Chine).
Une ville misant sur l’innovation, l’industrialisation des hautes technologiques et la mondialisation
Plusieurs conditions ont permis la planification d’une zone d’innovation à Wuhan. Il s’agit avant tout des ressources universitaires et scientifiques de la ville, qui offrent une possibilité à l’industrialisation des hautes technologies : Wuhan compte 82 établissements d’études supérieures – tout grade et toutes disciplines confondus – dont 18 universités formant des étudiants au niveau master et 16 livrant les diplômes de doctorat. Elle est ainsi classée en second rang (après Beijing et avant Guangzhou) en termes de ressources universitaires. Avec plus d’1 million d’étudiants inscrits, la ville de Wuhan est la première ville universitaire de Chine.
En 2018, il y avait 111 institutions de recherche scientifique à Wuhan, 31 académiciens de l’Académie chinoise des sciences et 36 académiciens de l’Académie chinoise d’ingénierie. La même année, les entreprises de haute technologie ont atteint une valeur de production dépassant le billion de yuans, soit une augmentation de 16,1 % par rapport à 2017 ; la valeur ajoutée de la haute technologie a augmenté de 13,5 %. Les industries pharmaceutiques et chimiques représentent une part importante, aux côtés des industries informatiques (ordinateurs, outils de communications et autres équipements électroniques) et automobiles.
La seconde raison pour laquelle une zone d’innovation est localisée à Wuhan est liée au fait que cette dernière dispose d’une base de commercialisation et coopération internationales, remontant à la deuxième moitié du XIXe siècle, comme on l’a vu. Wuhan est une ville relativement bien connectée à l’économie internationale, avec un volume total d’importations et d’exportations de 216,555 milliards de yuans pour les onze premiers mois de l’année 2019. En 2018, les capitaux étrangers réellement utilisés s’élèvent à 10,927 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 13,3 % par rapport à l’année précédente. Fin 2018, 266 sociétés classées sur la liste de « Fortune globale 500 » sont présentes dans la ville. Selon Chinanews, la province de Hubei est la région avec le plus grand investissement français de la Chine. 157 entreprises françaises s’y sont installées en 2017. En matière d’échanges interuniversitaires, de nombreux programmes de cotutelle et de formation sont mis en place depuis les années 2000.
Enfin, une troisième raison est liée à l’importante capacité de la ville en termes de mobilité, de transfert et d’échange des marchandises, produits et main-d’œuvre (manuelle comme intellectuelle), intrinsèquement due à la localisation géographique de Wuhan. À l’échelle nationale – réseaux ferroviaires, autoroutes, voies navigables, réseaux d’aviation –, Wuhan affirme indiscutablement sa place de transit et de carrefour ; et à l’échelle internationale, des lignes de vol direct et de train se multiplient, notamment depuis l’Initiative de la nouvelle route de la soie. Le vol direct Wuhan-Paris a été ouvert en 2012. En 2018, l’Express China Railway (中欧国际班列) partant de Wuhan relie 76 villes eurasiennes en passant par l’Asie centrale, l’Europe de l’Est, l’Europe centrale, et l’Europe de l’Ouest (dont Duisburg et Lyon) ; et transporte principalement de la Chine vers l’Europe des produits « made in China » tels que des produits électroniques, chimiques et textiles. La même année, le nombre total d’entrées et de sorties des frontières nationales s’est élevé à 2,59 millions, soit une augmentation de 535 000 par rapport à 2017. Fin 2018, Wuhan comptait 28 villes/régions jumelles internationales dont Bordeaux et le département de l’Essonne. C’est pour toutes ces raisons que Wuhan est une ville mondialisée.
Une ville de prospérité modérée (小康) qui se modernise à grand pas
Le dernier grand événement international que la ville de Wuhan a organisé avant l’arrivée du Covid-19 sont les 7e Jeux Mondiaux Militaire d’été (JMME), du 18 au 27 octobre 2019. Au-delà de l’image internationale de Wuhan, dont le slogan officiel est depuis 2014 « Wuhan, Different Every Day ! », quel est le quotidien des habitants ordinaires ? Depuis, de nombreux chantiers de construction d’infrastructure urbaine ont été achevés – lignes de métro, viaducs, ponts, routes, gratte-ciels, etc. –, qui ont amélioré la vie quotidienne des habitants. En termes de revenus, le revenu disponible par habitant de tous les résidents de Wuhan a atteint 42,133 yuans en 2018 (187 yuans en 1952) ; et les dépenses en matière de santé par résident urbain de Wuhan étaient de 2189 yuans. Le salaire mensuel minimum varie entre 1500 et 1750 yuans en fonction des districts de la ville. À titre de comparaison, selon les statistiques nationales publiées en janvier 2020, à l’échelle nationale, le revenu disponible par habitant des résidents de la nation est de 30 733 yuans en 2019 ; et les dépenses en matière de santé par résident étaient de 1 902 yuans.
En ce qui concerne la protection sociale, qui est fixée au niveau local en Chine, la pension mensuelle moyenne des retraités d’entreprise à Wuhan est passée de 580 yuans en 2005 à 2 800 yuans en 2018. Dans une perspective de comparaison, à Beijing, la pension mensuelle moyenne des retraités d’entreprise atteint 4157 yuans en 2019. En 2018, 61 300 habitants de Wuhan bénéficient du système de sécurité du niveau de vie minimum, dont le montant est de 715 yuans par mois (670 yuans en 2017). Rappelons que ce montant est de 1 000 yuans par mois en 2018 à Beijing. 668 centres communautaires de services aux personnes âgées ont été récemment reconstruits et agrandis en 2018 à Wuhan.
Avant le Covid-19 : une ville relativement bien dotée en ressources médicales et sanitaires
Fin 2018, on compte à Wuhan 6340 établissements de santé (dont 398 hôpitaux, 1701 centres de soins de village) avec 95277 lits, soit une augmentation de 3770 lits par rapport à la fin 2017. Parmi ces lits, 81765 sont dans les hôpitaux (soit une augmentation de 58.1% par rapport à 2012). Cela donne, en 2018, 9,25 lits d’hôpitaux pour 1 000 habitants. Rappelons que selon les statistiques de l’OCDE, en France en 2017, on compte 6 lits d’hôpitaux pour 1 000 habitants.
110 000 professionnels de santé sont en activité en 2018 à Wuhan, soit une augmentation de 60,6 % par rapport à 2012. Parmi eux, 40 000 médecins praticiens, soit une augmentation de 63 % par rapport à 2012 ; et 54 434 infirmiers, soit une augmentation de 83,4 % par rapport à 2012. De 2012 à 2018, le nombre de professionnels de santé pour 1 000 habitants est passé de 8,31 à 12,4, soit une augmentation de 33 % alors que celui de médecins praticiens pour 1 000 habitants est passé de 3,33 à 4,48 personnes, soit une augmentation de 35,8 %.
En 2018, le nombre de visites (consultations comprises) dans les établissements médicaux de la ville s’élevait à 85 799 millions et le nombre de patients guéris après avoir été hospitalisés a atteint 30 153 millions. Le taux d’utilisation des lits atteignait 88, 9%. L’espérance de vie moyenne des résidents s’élève à 81,29 ans.
En comparaison avec d’autres villes chinoises, Wuhan est plutôt bien dotée en ressources médicales et sanitaires. On y trouve 1 442 hôpitaux classés « niveau 3 grade A » (le meilleur niveau) dans toute la Chine, qui se répartissent entre différentes villes et régions. Les huit villes ayant les plus d’hôpitaux à ce niveau maximal sont Beijing (55), Guangzhou (38), Shanghai (32), Tianjin (31), Chongqing (31), Wuhan (27), Chengdu (27) et Xi’an (27). Les avantages des ressources médicales à Wuhan en comparaison avec le niveau moyen de la Chine se traduisent également à travers les nombres des lits et professionnels de santé par 1 000 habitants, évoqués supra. Cette relative avance en matière de ressources médicales et sanitaires de la ville est indissociable de sa capacité à former des étudiants en médecine : outre l’Université de médecine chinoise de Hubei, trois autres universités (Université de Wuhan, Université de science et de technologie de Huazhong et Université de science et de technologie de Wuhan) ont des facultés de médecines (biomédecine comme médecine chinoise).
Le sentiment des habitants d’avoir souffert de mesures tardives
Reprenons le fil chronologique de la gestion de l’épidémie dans la ville de Wuhan. En décembre, plusieurs patients atteints de « pneumonie inconnue » (“患不明原因肺炎”) [3] ont été hospitalisés. Le 31 décembre 2019 en matinée, le premier groupe d’experts envoyé par la Commission nationale de la santé de la RPC (国家卫生健康委员会) est arrivé à Wuhan. Ces experts ont constaté qu’aucune preuve évidente de transmission interhumaine n’avait été trouvée. Le 8 janvier 2020, le deuxième groupe d’experts envoyé par la même commission est arrivé à Wuhan. Cette fois-ci, l’avis des experts exprimait « possibilité limitée de transmission interhumaine ; situation évitable et contrôlable » (« 有限人传人,可防可控 »). Le 18 janvier 2020 en soirée, le troisième groupe d’experts – dont fait partie ZHONG Nanshan – s’est rendu à Wuhan. Après une journée de visites à l’hôpital Jinyintan, au CDC et aux alentours du fameux marché de gros de fruits de mer de Huanan, le groupe est rentré à Beijing le 19 soir, très préoccupé. Une réunion d’urgence s’est d’abord tenue au sein de la commission nationale le jour même puis le 20 au siège du gouvernement (à Zhongnanhai) auprès du premier ministre LI Keqiang. L’avis des experts soumis fut le suivant : « transmission interhumaine confirmée et nécessité de prise de mesures de prévention immédiates, incluant l’option de la mise en quarantaine ». Dans l’après-midi du 20 janvier, lors d’une téléconférence nationale co-organisée par le Conseil d’État et la Commission nationale de la santé, six experts sont intervenus et un appel national a été lancé : « maintenant on ne va à Wuhan et les Wuhanais ne sortent de la ville qu’en cas de force majeure » (“现在能不到武汉去就不去,武汉人能不出来就不出来”). Le 22 janvier, la province de Hubei a déclaré l’entrée dans une période d’urgence de santé publique (niveau II) [4]. Le 23 janvier à 2h du matin, la ville de Wuhan a annoncé la mise en quarantaine de la ville 8h plus tard. Le 24 janvier, le niveau d’urgence de santé publique dans la province de Hubei a été avancé au niveau I.
Rappelons que le 24 janvier est le jour du Nouvel an chinois et que la période de Chunyun (littéralement traduite par « transport - de la fête - du printemps ») a duré 40 jours, du 10 janvier au 18 février 2020. Pendant laquelle, comme toutes les autres années en amont de la fête du Nouvel an, se sont intensifiés les flux de mobilités inter-régionales au sein de la Chine, mais également internationales depuis la Chine vers d’autres pays du monde pour raison touristique principalement. En 2020, sous l’effet conjoint de la fête du printemps et de l’épidémie, à peu près 5 millions d’habitants de Wuhan ont quitté la ville en janvier avant la mise en quarantaine.
Entre peur et colère, les Wuhanais restés en ville et mis en quarantaine s’interrogeaient sur la lenteur de la réaction des gouvernements dans la gestion de crise : une vingtaine de jours écoulés pour faire remonter du niveau local au pouvoir central et trois allers-retours d’experts entre Beijing et Wuhan.
Raté, ils (dirigeants politiques) ont raté les phases optimales de contrôle au début de l’épidémie. Qui paye le prix ? Ce sont nous les gens ordinaires, ce sont nos vies. Le processus a retardé à cause d’eux, à cause de leur bureaucratisme ! (M. Zhang, employé retraité)
Chez les dirigeants et les personnes clefs au pouvoir, une logique bureaucratique donne la priorité à la stabilité de la société au détriment de la prise en charge de la population. Cette logique bureaucratique se répand dans l’arène politique, mais également en institution médicale, comme dans les hôpitaux publics, où travaillaient le Dr. Li Wenliang et ses confrères qui ont essayé d’alerter leurs hiérarchies de l’arrivée du Covid-19.
Crise sanitaire, crise sociale, crise politique : une période noire à Wuhan
De fin janvier à mi-février, les Wuhanais traversent la phase la plus sombre de l’épidémie : hôpitaux saturés, pénurie de masques et autres matériels sanitaires, décès massifs, inégalités sociales exacerbées, non seulement en termes d’accès aux soins, mais également dans l’accès aux informations et aux réseaux sociaux pour être au courant des places de consultation et des lits libérés dans tel ou tel hôpital, et enfin dans les conditions de logement puisque le confinement absolu s’imposait. La localisation de l’habitation, autrement dit, les ressources médicales et sanitaires du quartier où on vit, devient également un facteur déterminant de la santé. Au sein de la ville, ces ressources sont inégalement réparties ; et sans transport en commun ni voiture personnelle, un patient souffrant d’une maladie chronique, ayant besoin d’un suivi médical au quotidien, ne pouvait plus se rendre au lieu de soin habituel et risquait de mourir, soit en raison de l’interruption des soins quotidiens, soit à cause du déplacement excessif à pied sur la route de l’hôpital. Plusieurs récits et tragédies partagés en ligne par les habitants de Wuhan mettent en évidence ces inégalités sociales, le désespoir et le sentiment d’être totalement dépassés. Les autres dénoncent l’injustice sociale dans le (non-)traitement des patients non atteints du Covid-19 et s’interrogent sur les logiques de triage des patients, sur les politiques de tests de dépistage, et plus largement sur la réorganisation du système de soin et des ressources médicales et sanitaires.
Dans un état de désarroi extrême, les Wuhanais cherchent de l’aide auprès du gouvernement central. L’après-midi du 27 janvier, des internautes de Wuhan font circuler un message dans différents groupes de WeChat : « Chantons l’hymne national à 20h depuis notre fenêtre, après crions trois fois ‘Allez Wuhan’ ; ensuite chantons ‘Moi et mon pays’ (我和我的祖国) à 20h10, enfin crions à nouveau trois fois ‘Allez Wuhan’. » Plusieurs vidéos disponibles en ligne illustrent cette mise en avant de l’appartenance nationale en temps de crise sanitaire. Certains le jugent « un acte émouvant » qui montre l’inventivité des citoyens de Wuhan à l’ère numérique ; d’autres s’en méfient et le qualifie d’un « show patriotique » qui risquerait de faire oublier au peuple les « graves fautes commises au début par les gouvernements dans la gestion de l’épidémie ».
Cet épisode a eu lieu pendant la construction à toute vitesse des deux hôpitaux Huoshenshan et Leishenshan, une réponse des gouvernements visant à remédier à la pénurie du système de santé en temps de crise. De la prise de décision de ces constructions, le 23 janvier, à la mise en usage le 4 février, la rapidité du chantier de construction de l’hôpital Huoshenshan a impressionné le monde entier. Une autre initiative organisationnelle pour répondre aux demandes croissantes de prise en charge des patients consistait à la transformation d’un centre d’exposition, de stades et d’autres lieux publics en hôpitaux Fangcang (hôpitaux de campagne), en vue d’accueillir les patients diagnostiqués des cas légers. Les trois premiers hôpitaux de campagne sont mis en usage le 5 février, avec plus de 3 000 lits. Jusqu’au 10 mars, 16 hôpitaux de campagne à Wuhan ont accueilli 12 000 patients au total.
Malgré la réorganisation du système de soin, le mécontentement et l’indignation du peuple envers les gouvernements ont atteint un pic à Wuhan, après le décès du Dr. Li Wenliang, le 6 février. Les critiques massives qui circulent dans les réseaux sociaux attaquent non seulement le bureaucratisme, mais également le manque de transparence dans les médias et la circulation de l’information. Très vite, sans doute pour calmer l’indignation du peuple et sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement central annonce les révocations du secrétaire du comité du parti de la province de Hubei et du secrétaire du comité du parti de la ville de Wuhan, le 13 février ; et la veille, les révocations du secrétaire du parti de la Commission provinciale de santé de Hubei et du directeur de la même Commission.
Entre stigmatisation et solidarité
Dès le 24 janvier, plus de 7 000 professionnels de santé et 66 équipes médicales ont été envoyés à Wuhan depuis diverses régions de la Chine. S’ajoutent à ces personnels de soin des matériels sanitaires : masques, combinaisons de protection, machines respiratoires, moniteurs d’électrocardiogramme, médicaments essentiels, etc. À partir du 17 mars, ces professionnels de santé commencent à progressivement rentrer chez eux.
Émue par ces aides sanitaires inter-régionales au sein de la Chine, Mme Huang (enseignante dans le secondaire) confie que sa participation au chant de l’hymne national le 27 janvier, « était d’abord un geste de gratitude envers ces ‘anges en blouse blanche’ (白衣天使) rapidement venus à Wuhan pour aider à sauver des vies en se coupant de leurs proches pendant des semaines ; ensuite, ce chant collectif était aussi un signal d’alerte pour demander plus d’aide auprès du gouvernement central : on était tellement démuni, sans moyen. » Jusqu’à fin février, l’aide humanitaire reçue à Wuhan vient également de l’étranger, notamment grâce aux collectes de don et aux envois de matériel sanitaire par des Chinois d’outre-mer. Les Alumnis et réseaux associatifs y jouent un rôle crucial. Prenons le cas des Alumnis de l’Université de Wuhan en Europe. Du 23 janvier au 31 janvier, ces associations universitaires basées en France, en Allemagne, en Suisse, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Belgique, et au Luxembourg ont recueilli une somme totale de 140 000 € par souscription pour l’achat de matériel sanitaire à envoyer à Wuhan et au Hubei. Ces dynamiques de solidarités nationale et transnationale peuvent prendre également une forme symbolique de soutien. « Allez Wuhan » (武汉加油) devient presque un slogan des Chinois de Chine et d’outre-mer. Certains, sans doute les plus patriotiques, y ajoutent après un autre slogan : « Allez la Chine ». Cet ajout s’observe notamment au moment où le message est destiné à circuler à l’international : lorsque les Chinois d’outre-mer s’adressent aux Chinois de Chine [5] ; ou dans les médias chinois lorsqu’ils visent un lectorat international.
En parallèle à ce sentiment d’être aidés et soutenus par le reste du pays et du monde, les Wuhanais souffrent du stigmate et des discriminations basées sur leur origine régionale. Comme le dit M. Ge (entrepreneur de 37 ans), avec humour noir et ironie : « Cette année du rat commence bien ! Nous les Wuhanais, on vit comme des rats, qui sont chassés de partout. » En effet, dès janvier, les habitants de Wuhan sont stigmatisés d’abord comme « consommateurs d’animaux sauvages » - supposée origine du Covid-19 -, puis pour « avoir voyagé hors de Wuhan ». Certains habitants de Wuhan avaient en effet quitté la ville bien avant sa mise en quarantaine, voire avant les premières médiatisations du Covid-19 en Chine, pour revenir au village natal à l’occasion du Nouvel an, ou pour voyage touristique à l’étranger. Critiqués comme étant « égoïstes, peu responsables et non civiques », beaucoup de Wuhanais témoignent dans les réseaux sociaux des discriminations venant de leurs compatriotes, - parfois même issus de la même ville natale lorsqu’il s’agit d’un retour au village - ou des étrangers à l’hôtel, dans les transports en commun, et plus largement dans l’espace public.
Fin janvier - début février, l’OMS signale que l’appellation du « virus de Wuhan » aggravera le stigmate et les discriminations. Par la suite, un article dans le Quotidien du Peuple (人民日报) dénonce les discriminations régionales envers les habitants de Wuhan derrière le nom de « pneumonie de Wuhan ». Récemment, au moment où les propagations sont grandement ralenties en Chine, les discours discriminatoires envers les habitants de Wuhan et de Hubei resurgissent pourtant de manière vive. Depuis fin mars, les habitants de Hubei, à l’exception des Wuhanais, sont autorisés à se déplacer à condition de se munir de leur certificat de santé. Dans ce contexte, la province de Hubei a démantelé les barrages routiers de son côté de la frontière avec celles de Jiangxi, qui s’est empressée d’en mettre de nouvelles chez elle pour bloquer le passage, ce qui a conduit à des affrontements entre les policiers du comté de Huangmei (province de Hubei) et ceux de la ville de Jiujiang (province de Jiangxi) le 27 mars. Des habitants de Huangmei se sont joints à l’affrontement et des émeutes ont éclaté. À Taiwan, Chen Shih-chung (陈时中), le ministre de la santé et de la protection sociale, continue fin mars à appeler le Covid-19 le « virus Wuhan ».
Analyser ces expériences de discriminations chez les habitants de Wuhan au miroir des actes de xénophobie et de racisme anti-asiatique liés au Covid-19 subis par des Chinois d’outre-mer [6] s’avère particulièrement fécond. Comme dit Mme Zhu, professeure universitaire confinée à Wuhan : « Après avoir su comment les Chinois d’outre-mer souffrent des discriminations à l’étranger, je me suis beaucoup attristée pour eux. En nous comparant à eux, étant Wuhanais, nos vécus de stigmate sont relativisés. En même temps, cela nous invite à réfléchir, sur la manière dont les Wuhanais pourraient y réagir. Parce que j’ai vu que dans certains pays, il y a des actions menées. » Si la stigmatisation des personnes et des groupes sociaux aux moments épidémiques a toujours existé dans l’histoire humaine [7], ici le discours de Mme Zhu et la mise en perspective des Wuhanais et des Chinois d’outre-mer face aux discriminations subies permettent d’étudier la variété nationale d’expressions de ces vécus, la circulation transnationale d’outils de lutte contre la stigmatisation liée à la maladie, et la participation politique transnationale dans le monde chinois (Chine et ses diasporas) au temps du Covid-19 [8].
Quand le confinement devient une routine : réorganisation de la vie quotidienne
Les Wuhanais sont vraisemblablement de « bons élèves » du confinement. Du 23 janvier au 8 avril, le respect strict des codes de sortie – variant en fonction des quartiers de résidence, mais en moyenne une personne du foyer est autorisée à sortir 3 fois par semaine pour récupérer les courses alimentaires livrées à l’entrée de leur résidence – s’ancre dans la mentalité des habitants au quotidien. Plusieurs témoins racontent presque avec fierté que cela fait plus de deux mois qu’ils n’ont pas mis les pieds dehors. Au moment de l’attente pour récupérer les courses alimentaires livrées, les habitants appliquent avec précaution la distance sociale imposée – usuellement fixée à 1 mètre – : sur certaines photos partagées en ligne, on voit des queues d’attente qui font plus de 200 mètres puisque les Wuhanais se mettent naturellement d’accord pour laisser environ 10 mètres entre chacune et chacun.
Non seulement dans le domaine des achats en ligne, le numérique s’impose également dans d’autres aspects de la vie sociale : cours en ligne, jeux vidéo de sport interactif, réunions virtuelles, télémédecine, services de consultation (notamment en psychologie et en santé mentale) … Face à la domination du digital dans la vie ordinaire en temps de confinement, les inégalités sociales dans l’accès aux supports numériques et à la connexion Internet se creusent fatalement ; ce qui génère certains conflits, voire des tragédies à l’intérieur de la Chine, où les ressources sont inégalement réparties. Fin février, une collégienne dans la province de Henan s’est suicidée parce qu’elle n’avait pas de smartphone à son propre usage – les trois enfants du foyer en partageait un – pour pouvoir suivre les cours en ligne.
Une autre conséquence considérable du confinement réside dans la reconfiguration des relations familiales et intergénérationnelles. Le Covid-19 a bouleversé la structure familiale 4-2-1 (quatre grands-parents, le père et la mère, et un enfant unique) largement répandue en Chine. Puisque les personnes âgées sont vulnérables face à l’épidémie, les grands-parents usuellement très impliqués dans la garde et la prise en charge au quotidien du petit-enfant, se confinent chez eux sans aller fournir de l’aide chez leurs enfants. Ces derniers (père et mère de la génération intermédiaire) se retrouvent, pour beaucoup, à s’occuper de leur enfant unique, ou de leurs enfants (pour ceux nés après la fin de la politique de l’enfant unique en fin 2015) de A à Z, sur un temps plein et une durée longue. Plusieurs personnes qualifient ce moment de confinement comme une première occasion de découverte en profondeur de leur enfant, leur mari ou leur femme. Cela peut se passer bien ou mal. Dans les premiers cas, les Wuhanais interviewés reprennent le terme de « retour à l’essentiel », « une vie non sophistiquée et sans trop de tentations » et racontent les banalités quotidiennes comme des moments emblématiques de l’entraide conjugale et de la cohésion familiale (se coiffer, bricoler, jeux familiaux, discussions de fond). Alors que pour les seconds cas, lorsque cette période familiale intime se passe mal, cela peut finir par un divorce. Dans toute la province de Hunan, en 33 jours, 13 422 couples ont lancé une procédure de divorce. A Xi’an, 17 bureaux d’enregistrement de divorce étaient remplis de demandeurs chaque jour depuis la reprise du travail en mars ; et à Guangzhou, les rendez-vous pour l’enregistrement du divorce ont été fixés avec deux semaines de délai.
Rétablissement progressif de la vie ordinaire à Wuhan et rapports à l’étranger en mutation
La vie à Wuhan se rétablit petit à petit depuis début mars. La visite de XI Jinping à Wuhan du 10 mars marque la fin de la crise sanitaire aiguë. Dans son discours, il met en avant le sacrifice et le dévouement que les Wuhanais ont su mettre en œuvre pour l’intérêt de tout le pays. Cet éloge a été rappelé par Li Lanjuan, membre du bureau politique du Comité central du CPC et vice-premier ministre, dans sa contribution au Journal Qiushi, le 4 avril : « Avec la mise en quarantaine, vous avez fait un énorme sacrifice pour tout le pays ». Pour récompenser le peuple, des initiatives se multiplient à différentes échelles. Mme Pang (45 ans, employée dans le privé) nous parle de la distribution gratuite de poissons dans son quartier de résidence :
Mi-mars, on entend parler que la ville de Xian’ning (Province de Hubei) a offert 100 000 kgs de poissons bien frais à la ville de Wuhan ; et la ville va les distribuer aux habitants. Aujourd’hui (25 mars), c’est arrivé chez nous dans notre quartier de résidence. On a reçu une annonce de la part du comité des résidents qu’il y aura une session de distribution, chaque foyer recevra 5 kgs !
Le 8 avril à minuit, le confinement prend officiellement fin à Wuhan. Les autoroutes ré-ouvrent, les trains et d’autres transports en commun se rétablissent. Les habitants sont autorisés à se déplacer librement sous certaines conditions. Au premier jour après la levée du confinement, certains habitants se promènent dehors et font du sport en plein air, d’autres se réjouissent de manger au restaurant ; alors que certains d’autres préfèrent, « par sécurité, rester à la maison ». Dans l’espace public comme au foyer, le port de masque se poursuit dans la grande majorité des cas, comme si cette pratique était dorénavant ancrée dans les mentalités des habitants.
Lorsque les liens sociaux se rétablissent progressivement dans l’espace physique entre Chinois de Chine, ceux entre ces derniers et les Chinois d’outre-mer se poursuivent virtuellement et à distance, toujours avec de l’aide sanitaire dorénavant dans le sens inverse de nos observations aux premières phases de la pandémie. Depuis que l’Europe est devenue un foyer important du Covid-19, les collectes de matériel sanitaire se sont organisées depuis la Chine à destination des pays européens (Italie, Espagne, France…). Dans le cas de la France, les associations franco-chinoises et les membres de la diaspora chinoise ont joué un rôle central dans la circulation d’informations et la coordination des coopérations. Le 24 mars, a eu lieu une réunion virtuelle rassemblant les experts médicaux de l’Hôpital européen Georges-Pompidou et de l’Hôpital Zhongnan de l’Université de Wuhan, qui partageaient leurs expériences respectives de luttes contre le Covid-19.
Avec ladite « réussite chinoise » de la gestion de crise de Covid-19, nous observons en effet la montée à différentes vitesses d’une fierté chinoise en Chine et en diaspora. Face aux retours massifs en Chine de Chinois d’outre-mer (incluant les étudiants et les étrangers d’origine chinoise) depuis mars, les discours discriminatoires et xénophobes prennent de nouvelles formes sur le sol chinois. Certains citoyens chinois applaudissent la fermeture des frontières aux étrangers, mesure prise par le gouvernement central le 26 mars (appliquée à partir du 28 mars), dans un souci d’« éviter les cas importés ».
Vers un nouveau modèle chinois de gouvernance ? Vers une autre mondialisation ?
Souffrances et désespoirs face aux inégalités sociales exacerbées sur tous les fronts, indignation du peuple mettant en exergue une crise politique, reconnaissances de solidarités nationale et transnationale, victimes de stigmatisation et discrimination, ce sont toutes ces émotions mélangées qui participent conjointement à la mutation des rapports au gouvernement, au pays, et au monde chez les résidents de cette métropole prospère du centre de la Chine.
Cet article se termine au moment où la pandémie évolue à grands pas. Plusieurs points dans l’expérience chinoise de lutte contre le Covid-19 restent encore en suspens et mériteraient d’être étudiés de manière approfondie. Citons entre autres : les doutes sur les statistiques chinoises des décès et des cas contaminés ; l’appréhension de vie urbaine après la levée du confinement à Wuhan le 8 avril ; les conséquences psychologiques du confinement et de l’épidémie ; les discriminations et actions de luttes ; la question de la transparence médiatique ; les réformes politiques contre le bureaucratisme ; le développement de la société civile, etc. À l’échelle mondiale, le fait que cette pandémie a été déclenchée en Chine, une pièce non négligeable de la mondialisation et des enjeux géopolitiques, nous invite avant tout à mettre en question les aspects pathogènes de la mondialisation – à commencer par celle du virus – ; et plus profondément aux réflexions sur l’organisation d’un autre monde, avec un nouveau mode de gouvernance de la santé à l’échelle mondiale.
Simeng Wang, « Wuhan, vivre et survivre »,
La Vie des idées
, 10 avril 2020.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://laviedesidees.fr/Wuhan-vivre-et-survivre
Nota bene :
Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité à proposer un texte au comité de rédaction (redaction chez laviedesidees.fr). Nous vous répondrons dans les meilleurs délais.
[1] Sauf autres références précisées, les statistiques citées dans cet article viennent toutes de cette source. Ce sont les chiffres publiés en avril 2019 par le Bureau des statistiques de la ville de Wuhan (武汉市统计局)
[2] Pour plus de détails sur les échanges entre dirigeants français et chinois pendant les années 1950, voir entre autres : Edgar Faure, Le Serpent et la Tortue. Les problèmes de la Chine populaire, 1957, Paris, Julliard. Le titre du livre s’inspirait des noms des deux montagnes (Montagne du Serpent et Montagne de la Tortue) à Wuhan, séparées par le Yangtzé.
[3] Voir entre autres l’alerte envoyée le 30 décembre par le Dr. LI Wenliang dans les Wechat groupes.
[4] Au total, il y a 4 niveaux (le niveau I est le plus élevé), pour plus de détails sur les classements, voir《中华人民共和国突发事件应对法.
[5] À titre exemplaire, voir le court-métrage sur les vécus de discriminations liées au Covid-19 au sein de migrants chinois de France produit par une équipe d’étudiants chinois (première diffusion le 7 mars et vu par plus de 22 millions d’internautes dans le monde (version sous-titrée en français) ; (version sous-titrée en anglais).
[7] Wald Priscilla, 2008, Contagious : Cultures, Carriers, and the Outbreak Narrative, Durham, Press of Duke University.
[8] Une équipe de chercheurs d’origine asiatique travaille collectivement à ces sujets et plus largement sur les migrations chinoise et asiatique de France face au Covid-19.