Recensé : Ziad Majed, Syrie, la révolution orpheline, Sindbad/Actes Sud, collection L’Orient des livres, 2014, 171 p., 20 €.
La révolution orpheline est, disons-le d’emblée, un document très précieux, un ouvrage indispensable à toute personne qui souhaite mieux comprendre la révolution syrienne et la longue descente de ce pays vers l’enfer actuel. Il s’agit donc d’un ouvrage dont la parution au printemps dernier est à saluer à plus d’un titre.
Il est fondé sur la connaissance très précise et personnelle qu’a son auteur, le politologue Ziad Majed, de chaque étape de ce qui est devenu la tragédie syrienne aujourd’hui. Il permet de comprendre les origines de la révolution et de la réaction répressive du régime assadien en opérant un retour sur ses fondements et son histoire récente, et en éclairant, en cinq chapitres, les grands éléments de ce qui se joue en Syrie aujourd’hui. Cet ouvrage court, très bien écrit, clairement construit, met à la disposition du public une information et une analyse construite à partir de sources premières et issues d’une grande proximité avec des acteurs clefs de la scène intérieure syrienne.
Car l’essai proposé par Ziad Majed est aussi l’œuvre d’un intellectuel engagé, qui n’a cessé, depuis les premières semaines du soulèvement, de maintenir le contact avec la société syrienne, celle qui s’est soulevée : activistes, intellectuels, opposants politiques, mais aussi tous ces gens ordinaires qui ont révélé un visage méconnu, souvent inconnu de la société syrienne. Ces Syriens ont un temps suscité l’enthousiasme par leur courage et la force de leurs revendications, avant que leur révolution ne s’enfonce si ce n’est dans l’indifférence, tout du moins dans le silence du monde.
De ce point de vue, la Révolution orpheline propose une réflexion à la fois informée, critique et sensible sur la façon dont le silence a recouvert, au fil des longs mois de ce conflit qui est toujours en cours, le soulèvement pacifique d’un peuple au nom de la dignité humaine, puis la violence de la répression [1]. Il permet de faire entendre la voix de ceux qui sont aujourd’hui confrontés à deux fléaux qui se nourrissent l’un de l’autre : d’une part la violence brute de ce qu’il reste du régime des Assad, décidé à survivre coûte que coûte et, d’autre part, la violence tout aussi destructrice du projet jihadiste.
Le régime des Assad et la « domestication » de la société
Pourquoi le régime des Assad, père et fils, a-t-il duré si longtemps – et pourquoi dure-t-il toujours, même s’il a subi des transformations majeures depuis le début du soulèvement syrien et que ses jours sont sans doute, à terme, révolus ? Par quels moyens ce régime, dont les niveaux de violence policière sont parmi les plus élevés dans le monde des tyrannies, a-t-il pu se perpétrer et bénéficier, bon an mal an, d’une relative impunité sur la scène internationale, malgré des mises à l’index régulières [2] ? Ces questions, auxquelles Ziad Majed s’attache à répondre, permettent notamment de comprendre le paradoxe syrien actuel, celui d’un régime somme toute préservé alors qu’il est engagé dans la répression massive et sanglante de sa population depuis bientôt quatre ans.
Le premier faisceau d’explications proposé par Ziad Majed est certainement à trouver, pour reprendre son expression, dans l’entreprise de « domestication » de la société syrienne engagée par Hafez al-Assad à partir de 1970. Cette domestication d’une société pourtant d’une grande vitalité avant l’ère baasiste (1963) [3] s’accomplit au moyen du musellement progressif, puis brutal, des différentes oppositions au régime – les oppositions de gauche, mais aussi celle des Frères Musulmans dont l’insurrection dans la ville de Hama est écrasée dans le sang en 1982 [4]. Elle utilise également des « techniques » qui dessinent par touches ce qui forme la substance même d’un régime d’oppression : un mélange de personnification du pouvoir qui fait du président la source de toute chose et l’origine de toute réussite, de suspension du temps (puisque le régime est là « pour l’éternité », ce que la succession de père en fils, en 2000, semblait accréditer), de contrôle absolu de l’espace social et physique, de confiscation du domaine public, et de monopole de la narration du réel. Enfin, l’institutionnalisation des instruments de répression et de surveillance a instillé au cœur de la société syrienne la menace potentielle à tout instant, la méfiance généralisée, et la peur, afin d’obtenir l’obéissance [5]. La conjugaison de ces éléments permet d’approcher la réalité mentale et physique de la dictature des Assad, qui a été analysée comme l’incarnation d’un « État de Barbarie » par le sociologue Michel Seurat [6].
Les pages consacrées par Ziad Majed à cette Syrie emprisonnée de l’intérieur permettent de mesurer d’autant le gouffre immense franchi par ceux qui ont pris les rues au printemps 2011 contre cette oppression multiforme, contre ce « royaume du silence » .
Or, l’ouvrage montre de façon extrêmement pertinente que l’invisibilité de la Syrie intérieure est un effet symétrique de l’affirmation de la Syrie acteur-clef sur la scène diplomatique et stratégique du Moyen-Orient. Il montre en quoi l’élaboration du rôle diplomatique et stratégique de la Syrie par Hafez al-Assad a servi le projet de domestication de la société : « marraine régionale », interlocutrice incontournable, la scène intérieure du pays en devenait comme effacée, et la société syrienne une « boîte noire », pour reprendre l’expression de l’intellectuel syrien Yacine al-Haj Saleh [7]. Ce processus d’ « invisibilisation » de la société syrienne [8] et du volet intérieur de la politique syrienne constitue le deuxième faisceau de raisons avancé par Ziad Majed pour rendre compte de la résilience du régime de Bachar al-Assad dans la crise actuelle. Il attribue à ce rôle régional central la difficulté qui a prévalu, pour la communauté internationale, à entendre les revendications de la société syrienne exprimées à partir de mars 2011, celle des « gens ordinaires » [9].
De ce point de vue, il est probable que l’importance accordée aux analyses de la révolution syrienne comme conflit « confessionnel » tout d’abord puis comme guerre « par proxy » à la suite du développement du conflit armé, trouvent en partie leur origine dans cet effacement de la société syrienne par le régime. Ce sont des catégories forgées à l’aune d’autres conflits – en particulier la guerre civile libanaise et le conflit irakien post-2004 – et qui ne sont pas adaptées à l’analyse de la révolution en Syrie. En effet, les Syriens ne se sont pas soulevés en 2011 pour se battre les uns contre les autres sur la base d’appartenances primordiales religieuses ou ethniques – bien que la dimension confessionnelle, manipulée par le régime, prenne une place plus importante dans les développements ultérieurs du conflit. De la même manière, ils ne se sont pas révoltés contre le régime de Bachar al-Assad pour servir les intérêts de telle ou telle puissance, même si la position de plaque tournante géopolitique de la Syrie sur la scène régionale a eu pour conséquence le ralliement immédiat des alliés du régime à ses côtés (Russie, Iran, Hezbollah libanais), tandis que des puissances régionales et internationales (Turquie, Arabie Saoudite, Qatar, États-Unis, France, Royaume-Uni, le groupe des « Amis de la Syrie ») fournissaient un soutien (compté) à des segments de l’opposition au régime.
« L’exception » de la révolution syrienne
En reprenant la chronologie du soulèvement syrien, l’ouvrage de Ziad Majed permet de comprendre en quoi celle-ci constitue une exception dans le paysage des révolutions du « printemps arabe ».
Il revient sur l’importance numérique de la mobilisation contre le régime ; la dynamique de son extension géographique ; son caractère pacifique et unitaire ; le sens politique qui est construit simultanément en de multiples foyers et à l’échelle nationale ; les modalités d’organisation du soulèvement. Mais il rend compte aussi de ses acteurs, c’est-à-dire de l’émergence sur la scène politique des gens ordinaires qui s’engagent et d’un collectif qui n’avait jusqu’alors pas d’expression. Ziad Majed consacre ainsi de longs développements à la description de cette Syrie « de l’intérieur », que la fermeture du pays à la presse internationale et le déploiement de l’appareil de propagande tente à nouveau de recouvrir d’une chape d’invisibilité et de silence, puisque le régime cherche à imposer une narration unique de ce qui se passe en Syrie.
Les activistes syriens luttent ainsi contre ce récit unique en inventant des modes alternatifs de documentation, de communication et d’information, en lançant des journaux, en écrivant textes, poèmes, chansons, en développant la photographie, en lançant des radios, en créant de nouveaux médias, en produisant des films, des dessins animés, des courts-métrages, souvent plein d’humour [10]. Les Syriens font ainsi preuve d’une immense créativité pour déjouer les contraintes de l’enfermement et de la répression, pour surmonter la difficulté de produire de l’information et de la faire circuler. Un collectif insoupçonné émerge de multiples localités de Syrie, depuis Kafr Nabel, petite ville devenue célèbre pour la force et l’humour des slogans inscrits sur ses calicots, à Sarâqeb, dont les murs se sont couverts de graffitis politiques ou poétiques (photos), dans un pays dans lequel les murs étaient jusqu’alors exclusivement réservés aux affiches à la gloire du régime et de ses dirigeants. Ziad Majed rend ainsi compte des engagements d’hommes et de femmes dans l’action civile (documentation des victimes de la répression [11], mise en place de structures de gouvernance locale, le plus souvent dans les régions « libérées » par l’opposition armée, comme par exemple à Alep [12], aide humanitaire, création d’écoles ou de centres de soins alternatifs etc.). Il indique cependant que l’action des activistes est la première des cibles de la répression, en particulier l’activisme politique qui structura le mouvement révolutionnaire de 2011, puisque les forces de ceux-ci sont décimées par les arrestations, l’exil forcé, la clandestinité, et la mort.
Ziad Majed montre que le basculement progressif d’une partie de l’opposition dans la lutte armée à partir de la deuxième partie de 2011 n’a pas été voulu de tous, et est un effet direct de la violence opposée par le régime à la revendication politique. Il indique les modalités de cette répression, qui vise à l’annihilation de toute opposition, notamment en séparant les Syriens, en fragmentant le pays par des barrages, des blocus et des sièges [13], le bombardement aérien massif des zones « libérées » - hormis celles qui passent progressivement, à partir de 2013, au nord-est du pays, sous le contrôle des jihadistes (non syriens) de l’État islamique. Il décrit la façon dont le régime attise la dimension confessionnelle : par exemple, en envoyant des milices alaouites, le groupe confessionnel minoritaire dont est issu le régime des Assad, effectuer des massacres dans des villages de confession sunnite ; en protégeant les zones qu’il contrôle ; en exerçant une répression différenciée, moins brutale, dans régions où se trouvent de fortes minorités afin de se faire passer pour le protecteur de celles-ci. Il montre également la façon dont la violence contre les civils et la destruction est utilisée comme une arme de guerre, notamment à partir de la fin 2012, lorsque le recours au bombardement des zones « libérées » au cours de 2012 devient systématique et massif, accélérant la fuite des civils.
Enfin, Ziad Majed insiste sur cette caractéristique, propre peut-être à la crise syrienne : le fait que des millions de films et de photos documentent, via les réseaux sociaux, ce conflit que le régime cherche à cacher. Cette exceptionnelle documentation constitue une source inédite pour les historiens du futur. Mais ces images montrent aussi ce qu’une société peut produire de pire, une violence qui résulte de celle qui a été exercée pendant quarante ans : une barbarie disponible en quelques clics, en somme. Il souligne par ailleurs ce fait troublant : ces millions d’images permettent aussi d’identifier ceux qui tuent en Syrie. Les assassins opèrent en quelque sorte « à visage découvert », dès lors que leurs visages circulent sur les réseaux sociaux. On peut dès lors se poser la question des conséquences, pour la reconstruction de la société syrienne, un jour, d’un conflit dans lequel les assassins sont connus. On pense ici au génocide rwandais – moins documenté du point de vue des images mais proche dans la mesure où les exactions étaient commises par des « meurtriers ordinaires » que chacun connaissait, et où victimes et bourreaux continuent de se croiser au quotidien.
Une révolution « orpheline » ? Descente aux enfers et anomie internationale
Dans la dernière partie de son ouvrage, Ziad Majed revient sur le rôle de la Syrie comme puissance régionale. Cette dimension explique selon lui le fait que la lutte engagée par les Syriens contre le régime de Bachar al-Assad s’est d’emblée heurtée au soutien de ce régime par ses alliés régionaux et internationaux. L’Iran a mis à disposition dès le début du soulèvement ses ressources sécuritaires afin d’étouffer les manifestations et autres actions politiques. Avec la militarisation de la révolution, le voisin perse a envoyé des conseillers militaires et sa brigade Al-Qods des Gardiens de la Révolution pour encadrer les actions militaires du régime et de ses milices supplétives (les « Forces de défense nationales », formées principalement de jeunes Alaouites), et a fourni de l’armement ainsi qu’une aide financière considérable (plus de dix milliards de dollars). La Russie, en opposant son veto au Conseil de sécurité de l’ONU à toutes les résolutions condamnant le régime, est le défenseur de la Syrie sur la scène internationale, et lui fournit l’essentiel de l’armement lourd dont les forces du régime syrien ont un besoin vital. Sans ces apports, le rapport de force serait, fin 2014, bien différent. Ces deux pays, rappelle Ziad Majed, se sont engagés auprès de Damas car ils considèrent que son maintien relève de leur intérêt stratégique, et la victoire est leur objectif.
La coalition des « Amis de la Syrie » qui s’est formée en soutien à la révolution syrienne n’a pas bénéficié de la même dynamique : il s’agit davantage d’un faisceau de soutiens fondés sur des intérêts divers et parfois divergents (qui pour contrer l’influence iranienne, qui pour contrôler la révolution, qui parce qu’ils n’avaient pas vraiment d’autre choix) et dont l’objectif final n’a jamais pu être clairement énoncé. Si des initiatives ont été prises, le soutien des Amis de la Syrie à la révolution n’a par conséquent jamais été très efficace. Ziad Majed revient dans le détail sur les positions tenues par l’ensemble de ces acteurs, du côté des soutiens du régime comme de celui des soutiens de l’opposition.
Selon Ziad Majed, ce déséquilibre des forces en présence permet de comprendre en partie la situation qui s’est développée sur le terrain, depuis bientôt quatre ans : d’une part, un régime exsangue mais soutenu à bout de bras par des alliés résolus à la victoire ; d’autre part une opposition divisée mais qui peine à s’appuyer sur une coalition d’amis aux objectifs pluriels et incertains. L’absence finale de réaction à l’utilisation d’armes chimiques par le régime, le 23 août 2013 – ce qui constituait pourtant une « ligne rouge » pour les Américains – a fini de signer l’anomie de la communauté internationale. Elle signalait qu’il n’y aurait pas d’engagement militaire américain. L’accord de démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie, négocié par Moscou, indiquait que seul l’usage d’armes non conventionnelles contre la population était, somme toute, proscrit.
Ziad Majed termine son ouvrage par une longue interrogation sur ce qui peut expliquer l’absence de réaction forte de la communauté internationale face au drame syrien, face à une descente aux enfers dont les pires scénarios semblent se réaliser les uns après les autres – la prise de contrôle d’une grande partie du nord-est syrien par le groupe djihadiste de l’État Islamique en est la plus récente incarnation. Il analyse d’une part avec une grande finesse les ressorts des formes modernes de propagande des régimes autoritaires, qui visent à brouiller les repères de nos sociétés contemporaines. Il dresse d’autre part une cartographie des différents positionnements idéologiques et politiques qui ont justifié un soutien indirect ou direct aux actions du régime de Bachar al-Assad depuis le début du soulèvement syrien.
La première de ces postures est celle de la « neutralité », qui reprend en grande partie la propagande du régime. Elle est alimentée par plusieurs discours : un discours sur la peur des minorités que menaceraient les masses musulmanes sunnites ; or, le régime des Assad n’a jamais été un protecteur des minorités, celles-ci n’ont pas été la cible des révolutionnaires, et une partie de leurs membres a participé à la geste de 2011 ; un discours sur le fait que la militarisation du mouvement a enlevé aux Syriens le droit moral qu’ils avaient gagné en se soulevant pacifiquement ; un discours qui assimile les opposants au régime à une horde d’islamistes ; un discours qui rejette sur les Syriens la responsabilité de la spirale de destruction dans laquelle le pays s’est engouffré, sous prétexte qu’ils auraient dû savoir que le régime répondrait avec une violence totale et extrême ; un discours qui agite le spectre de la division de l’opposition et le chaos des scènes afghanes, irakiennes et libyennes, situations certes tragiques, mais analyse qui évite de penser le fait que le principal pourvoyeur de chaos et de destruction en Syrie est bien, en dernière analyse, Bachar al-Assad et son régime.
Le second type de positionnement est celui tenu par une partie de la gauche et de ses intellectuels pour justifier leur soutien au régime de Bachar al-Assad. Ziad Majed s’intéresse particulièrement à cette partie du spectre politique, de laquelle on serait en droit d’attendre l’expression d’une solidarité particulière envers un mouvement populaire d’émancipation revendiquant des droits et des valeurs somme toute très universelles. Or, force est de constater que les soutiens du régime de Bachar al-Assad se trouvent nombreux parmi ceux qui se revendiquent de la tendance anti-impérialiste de la gauche. Dans le monde arabe, ce soutien s’articule autour du ‘conspirationnisme’, selon lequel la Syrie est en butte à des projets impérialistes, (le mythe du Grand Satan américain et de ses affidés) et de la défense d’un régime ‘laïc’ dont la chute conduirait sans coup férir à l’établissement de la barbarie islamiste. Ziad Majed explique ces positionnements par l’histoire de la gauche arabe, dont la composante communiste a toujours été plus proche du communisme soviétique que d’une culture politique démocratique, appuyée sur la défense des droits et les libertés. Dans les démocraties occidentales, une partie de la gauche a été aussi prompte à emboucher les trompettes de l’anti-impérialisme que son homologue arabe, et à dénoncer le complot contre le régime Assad, défenseur de la laïcité et de la cause palestinienne, un autre mythe récurrent. S’y joignent parfois les voix d’« experts » autoproclamés qui utilisent les théories du complot à des fins d’autopromotion médiatique en jouant sur la fascination exercée par l’impression de comprendre le dessous des cartes d’un jeu qui serait forcément caché et manipulé. Le thème de la Syrie « complexe » conduit in fine à couvrir la voix des Syriens, et les revendications de leur révolution.
C’est donc à la plus fine compréhension de la révolution syrienne qu’invite le beau texte de Ziad Majed. Loin des illusions du voyeurisme qu’engendre souvent la violence. Loin des peurs qui sont toujours promptes à resurgir lorsque l’autre est présenté comme radicalement « autre ». Et proche, tout proche des aspirations et des acteurs de la révolution syrienne, de son humanité et de son universalité.