Le patronat : études de cas

Á travers la monographie d’une entreprise familiale de vente textile au détail et en semi-gros, Françoise de Barros et Claire Zalc soulignent l’influence des formes de parenté sur le fonctionnement de l’entreprise. En retour, ce sont ces positions dans la boutique qui font évoluer les relations au sein de la famille. Marie-France Garcia-Parpet tente de saisir les évolutions du monde viticole français, et plus particulièrement le passage et ses effets d’une logique commerciale (AOC) à une logique de marque dans l’espace international. En s’appuyant sur une enquête menée en Languedoc-Roussillon, l’auteure met en évidence les nouvelles formes de reconnaissance liées à la transformation des critères de qualité.

S’appuyant sur une quarantaine d’entretiens biographiques réalisés auprès de chefs d’entreprise de deux bassins d’emploi, la contribution de Pierre-Paul Zalio s’intéresse aux logiques d’engagement dans l’activité entrepreneuriale et aux formes de ressources mobilisées. Il en ressort une typologie des carrières qui permet de comprendre, d’une part, la manière dont les entrepreneurs ont utilisé leurs ressources, et, d’autre part, les conséquences de leurs activités sur les territoires. En s’opposant à l’idée selon laquelle la modernisation de l’économie française n’aurait commencé qu’après la seconde guerre mondiale, François Denord et Odile Henry analysent le vaste mouvement de « rationalisation de l’économie » amorcé dès l’entre-deux guerres. Ce processus n’a pu se développer sans un patronat qui s’est rationalisé et organisé collectivement dans le contexte de l’introduction des méthodes d’organisation scientifique du travail au sein des firmes. L’article de François-Xavier Dudouet et Éric Grémont revient sur les relations entre le grand patronat et l’État entre 1981 et 2007. Le mouvement de privatisation des entreprises publiques a contribué à déplacer les élites d’État vers le monde des affaires, ce qui indique que les transformations du pouvoir économique sont influencées par l’action étatique. Le dossier est clos par l’article très utile d’Hervé Joly qui réalise une recension critique des différentes enquêtes sociologiques et socio-historiques sur le recrutement du patronat français depuis les années 1960 en insistant sur les difficultés méthodologiques auxquelles ces travaux ont été confrontés.

Constituant un apport majeur à la sociologie des faits économiques, ce numéro de Sociétés Contemporaines est également une lecture indispensable pour toute investigation ultérieure dans la mesure où l’ensemble des articles fournit des repères méthodologiques et bibliographiques importants sur les mondes patronaux.

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