Le vote de la loi immigration ce 19 décembre porte atteinte aux droits fondamentaux de la République et véhicule une vision caricaturale de l’immigration sur laquelle les sciences sociales apportent pourtant depuis longtemps un regard informé et précis, bien loin des raccourcis idéologiques.
Le vote par le Parlement, mardi 19 décembre 2023, de la loi immigration marque une rupture dans l’histoire républicaine de la France. L’inscription dans ce texte de mesures inspirées par le programme du Rassemblement national, relayées par la droite républicaine et cautionnées par la majorité en place, porte atteinte au respect des droits fondamentaux, à l’égalité devant la loi et à la dignité des personnes.
En particulier, cette loi caricature et défigure un sujet sur lequel les sciences humaines et sociales apportent un regard informé et mesuré. Le problème est simplifié, ramené au choix qu’il faudrait faire entre humanisme et identité, entre idéalisme et réalisme.
Il existe pourtant des études documentées et rigoureuses qui permettent de poser les questions avec précision, loin des raccourcis idéologiques et des idées reçues.
L’immigration est-elle un problème économique ?
Les débats sur l’immigration présupposent souvent que celle-ci engendrent des coûts, voire est un fardeau – du point de vue de l’emploi, des finances publiques ou de la croissance. Les recherches contemporaines montrent plutôt l’inverse. Mettre en avant la charge pour les finances publiques que constitue l’accueil, c’est ne pas voir que l’intégration des migrants, qui travaillent et consomment, a des effets économiques bénéfiques. L’immigration n’aggrave pas le chômage, ne creuse pas le déficit des comptes publics, n’ampute pas le niveau de vie. Au contraire, elle permet à des métiers de fonctionner, elle rajeunit une population vieillissante. Et loin d’être sous-qualifiée, l’immigration dans son ensemble est de plus en plus diplômée.
■ L’immigration, un fardeau économique ? Entretien avec Ekrame Boubtane
Les débats sur l’immigration présupposent souvent que celle-ci engendrent des coûts, voire est un fardeau – du point de vue de l’emploi, des finances publiques ou de la croissance. Les recherches contemporaines montrent plutôt l’inverse, comme l’explique l’économiste Ekrame Boubtane.
■ Les étudiants internationaux : des immigrés comme les autres ?
Les causes, les motifs et les temporalités des séjours des étudiants internationaux les distinguent des autres immigrés – mais avec quelles conséquences, pour le devenir de ces étudiants, pour l’immigration qualifiée en France, et pour notre compréhension des flux migratoires ?
■ La politique d’immigration sarkozyenne
Dans un livre collectif profondément original, vingt-trois contributeurs analysent les modalités du traitement des étrangers en France. Leur étude, à la fois exploration des processus administratifs et description de parcours individuels et collectifs, dépasse le stade de l’indignation pour évaluer les résultats politiques et sociaux de la politique française d’immigration « choisie ».
L’immigration est-elle responsable d’une hausse de la délinquance ?
La focalisation médiatique sur quelques faits divers fait écran : l’ordre public n’est pas menacé par l’immigration. Le « jeune des cités », incivil et rebelle, est une construction médiatique et politique, bien plus qu’une réalité sociale avérée. Et alors que le ius migrandi a été reconnu comme le premier des droits naturels et universels et comme le fondement du droit international moderne, c’est l’immigration qui, peu à peu, est devenue un délit, l’étranger en situation irrégulière étant désormais considéré comme un criminel.
Le « problème » de l’immigration
Qu’est-ce que l’immigration : un phénomène social ou un problème public ? Qu’est-ce qu’un immigré : un travailleur clandestin employé à bas prix dans les chantiers de construction, un « jeune des banlieues » de préférence en bande et plutôt musulman, ou un futur citoyen « méritant » de la nation française ? Toutes ces images sont déconstruites par la dernière livraison de la revue Agone.
■ Quand l’immigration est un délit
Depuis plusieurs années, le droit communautaire et les droits nationaux, tout particulièrement en France et en Italie, mettent en place une politique de contrôle de l’immigration utilitariste et répressive. La pénalisation des politiques migratoires montre que la coopération européenne peut être synonyme de régression du droit.
Les Français aspirent-ils massivement à un durcissement de l’accueil, voire à une fermeture des frontières ?
■ Une France moins xénophobe ?
Qu’est-ce que l’immigration : un phénomène social ou un problème public ? Qu’est-ce qu’un immigré : un travailleur clandestin employé à bas prix dans les chantiers de construction, un « jeune des banlieues » de préférence en bande et plutôt musulman, ou un futur citoyen « méritant » de la nation française ? Toutes ces images sont déconstruites par la dernière livraison de la revue Agone.
■ Perception publique de l’immigration et discours médiatique
L’élaboration des politiques migratoires dépend de plus en plus d’une opinion publique elle-même souvent influencée par les croyances et l’exposition médiatique. Un débat serein sur ces politiques exige un traitement médiatique objectif et approfondi des problématiques économiques et sociales liées à l’immigration.
■ Étrange et familier. À propos de Michel Agier, L’Étranger qui vient. Repenser l’hospitalité, Seuil
La “crise des migrants” a réactivé chez de nombreux citoyens une volonté d’accueil. Si ces initiatives ne peuvent à elles seules constituer une réponse aux défis posés par les migrations, l’anthropologue M. Agier cherche à en tirer les principes d’une politique d’hospitalité à la hauteur des enjeux.
La rédaction , « Immigration : la voix des sciences sociales »,
La Vie des idées
, 21 décembre 2023.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://laviedesidees.fr/Immigration-la-voix-des-sciences-sociales
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