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Recension

Arendt-Scholem : un rendez-vous impossible

À propos de : Correspondance d’Hannah Arendt et Gershom Scholem, Seuil


par Michelle-Irène Brudny , le 7 mars 2013


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La correspondance complète entre Hannah Arendt et Gershom Scholem permet de prendre la mesure de ce qui unit puis sépara, autour de la douloureuse question du judaïsme et du sionisme, l’historien et la philosophe.

Recensé : Correspondance d’Hannah Arendt et Gershom Scholem, édité par Marie Luise Knott avec David Heredia, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni avec Françoise Mancip-Renaudie (textes anglais), Paris, Seuil, 2012, 640 p., 29 €. On trouvera les notes de cet article dans le PDF joint.

Dans une des premières lettres de leur Correspondance, Hannah [Arendt] Blücher répond de New York à Fanja et à Gershom Scholem, installés à Jérusalem : « De telles lettres tissent des fils ténus mais solides dont on aimerait se convaincre qu’ils sont susceptibles d’assurer la cohésion d’un reste de notre monde (p. 29) ». Leur amitié pourtant assez récente prend ici un très vif relief, car cette déclaration d’Arendt du 24 avril 1942 contient, en un filigrane saisissant, une première esquisse de ce qu’elle décrira plus tard comme la « désolation totalitaire », c’est-à-dire l’absence de ces éléments communs qui « font monde ». C’est, au demeurant, l’une des grandes tonalités, sombre mais non désespérée, de ces échanges épistolaires, esquissés avant, mais écrits, pour l’essentiel, pendant et après la Seconde Guerre mondiale et l’anéantissement des Juifs d’Europe.

Des lettres et des rapports

Les épistoliers s’étaient rencontrés une première fois à Berlin en 1932 par l’entremise du premier mari d’Arendt, Günther Stern. Ils se sont vus ensuite en Palestine en 1935 : Arendt y accompagnait — depuis Paris où elle avait émigré en 1933 — un convoi d’adolescents pour l’Alya des jeunes en Israël, tandis que Scholem s’y était installé dès 1923. Et ils ont fait plus ample connaissance à Paris en 1938, grâce à Walter Benjamin, à l’occasion du voyage à New York de son ami très proche, Scholem. Les deux premières lettres de l’historien n’ont pas été retrouvées. Mais celle d’Arendt qui ouvre le volume (29 mai 1939) comporte une adresse postale dont la ponctuation étonne : 69 rue Brancion est suivie de trois points d’exclamation, référence allègre à ces journées d’avant la guerre où Walter Benjamin, venu en voisin de la rue Dombasle toute proche et accompagné par Scholem, retrouvait Hannah Arendt et Heinrich Blücher — qui allait devenir son second mari — pour de longues conversations. Ils parlaient des travaux de Benjamin mais aussi des recherches de Scholem sur la mystique juive et d’un manuscrit qu’Arendt avait presque achevé avant de quitter l’Allemagne, où elle dépeignait une Juive allemande cultivée du XVIIIe siècle qui avait opté sans réserves pour l’assimilation, Rahel Varnhagen von Ense. Arendt et Scholem ont ainsi chacun un work in progress qui suscite un vif intérêt chez l’autre. La deuxième lettre du recueil (21 octobre 1940) est poignante dans sa concision, car elle a pour unique objet d’apprendre à Scholem une terrible nouvelle : « Walter Benjamin a mis fin à ses jours, le 26 septembre, à Port-Bou, près de la frontière espagnole ». Une partie de la correspondance est ensuite consacrée à la mise en lieu sûr des textes de Benjamin puis à leur édition posthume qui aboutira en 1955 seulement, ainsi qu’à l’action conjointe des épistoliers pour le sauvetage des trésors culturels juifs en Europe, après le génocide. La collection des lettres retrouvées se termine avec une missive de Scholem, neuf mois après leur célèbre et énergique échange sur Eichmann à Jérusalem (23 juin et 20 juillet 1963) que l’historien a tenu à rendre public, alors qu’Arendt ne souhaitait pas intervenir dans la controverse ni que leur échange soit lu en dehors des milieux juifs. C’est le seul élément déjà connu, partiellement, en français, de tout le recueil. Dans cette ultime lettre, Scholem annonce sa venue à New York pour une conférence sur Walter Benjamin, sa première, au Leo Baeck Institute, en ajoutant « Je ne suis pas certain de la manière dont je dois interpréter votre silence depuis l’automne passé » (p. 452). Pourquoi Scholem fait-il signe ? N’a-t-il pas voulu comprendre que l’échange entraînait une rupture complète, que leur rendez-vous était impossible à tenir ?

Le volume comprend 141 lettres, suivies des notes d’Arendt sur Les Grands Courants de la mystique juive de Scholem qui seront finalement publiées comme recension. Mais il présente aussi, pour la première fois, les rapports des investigations sur le terrain, en Allemagne, qu’Arendt envoyait au siège de la Jewish Cultural Reconstruction (JCR) à New York. Ces documents constituent du reste l’un des objets de cette correspondance, peu connu dans son détail. David Heredia retrace l’origine, l’histoire, les objectifs et la mission de la JCR, issue du rapprochement international des diverses commissions (USA et Palestine, notamment) qui œuvrent au sauvetage des trésors culturels juifs. Après que ceux-ci ont été dûment repérés et vérifiés, il a fallu décider de leur destination en opérant une répartition équitable selon les demandes des institutions : États-Unis, Palestine ou Europe. Le coéditeur a établi une bibliographie sur ces activités. Dans une postface d’une trentaine de pages « Hannah Arendt — Gershom Scholem : la constellation », Marie Luise Knott veut relier « la tradition cachée » arendtienne au « courant invisible » que Scholem repère dans la mystique juive. Les deux figures sont en effet issues du judaïsme allemand assimilé. Mais Scholem s’est révolté très tôt contre l’illusoire symbiose judéo-allemande, il est devenu sioniste, a appris l’hébreu pour étudier les textes, puis a fait le choix, définitif, de la Palestine. Quant à Arendt, plus jeune, c’est la montée du nazisme qui l’a décidée à prendre ses distances par rapport à sa formation et à la philosophie en faveur d’un engagement sioniste. La publication de la grande édition des lettres de Scholem dans les années 1990 a fait connaître d’autres lettres que leur célèbre échange sur Eichmann à Jérusalem et, notamment, les lettres d’affaires pour la JCR. Enfin, l’épais volume abondamment annoté se clôt avec une note sur l’édition, une bibliographie plus générale centrée sur Arendt, Scholem, Benjamin et Adorno (où manquent des traductions françaises pourtant connues) et un index nominum étendu.

L’écriture de l’après-guerre

Malgré tant d’autres textes, récits, essais, correspondances, témoignages ou poèmes, ce que Scholem et Arendt laissent entrevoir du monde pendant et aussitôt après la guerre est extrêmement précieux. Le premier écrit par exemple à la fin de la lettre 5, en février 1942 : « Ne dédaignez pas de m’écrire à propos de vos affaires quotidiennes. Le monde est tellement déchiré que toute information sur un autre pays cause une grande joie. Surtout si elle venait de vous » (p. 27). Puis l’histoire s’accélère, comme le veut l’euphémisme, et, en décembre 1943, l’historien s’alarme avec une grande lucidité : « Ce qui nous attend encore en matière de révélations sur la situation du peuple juif en Europe, nous l’ignorons, mais l’idée de ce que nous allons apprendre nous rend déjà malades » (p. 45). En août 1945, il réfléchit à la distinction entre connaissance abstraite et connaissance détaillée ou « personnelle » du génocide des Juifs : « Toutes les informations détaillées nous parviennent à présent ici, et leur effet concret sur les individus qu’elles concernent est bien entendu pire encore que la connaissance abstraite de l’assassinat de millions de personnes. L’effet destructeur d’informations de ce genre est d’une puissance terrible, mais il n’y a aucun moyen de l’éviter, même si chacun se dit que ce type d’ignorance vaudrait mieux que le savoir » (p. 73-74, trad. modifiée). Voici pour la méditation, sans doute interminable, sur les effets de la connaissance personnelle du génocide. Elle s’est prolongée, plus récemment, avec Les Disparus de Daniel Mendelsohn et Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus d’Ivan Jablonka qui jalonnent une quête d’un genre nouveau sur le sort des membres d’une famille, assortie d’une réflexion remarquable sur les incidences de la connaissance détaillée poursuivie jusqu’aux limites du possible.

Ce que Scholem et Arendt écrivent de leur état après la guerre est tout aussi instructif. L’historien, une fois remis de son épuisement, livre ses observations après son premier voyage en Europe, en octobre 1946 : « La distance entre les différents judaïsmes, en Europe, en Amérique et en Palestine est, de mon point de vue, catastrophique, aucune théorie, de quelque forme que ce soit, ne permettra de la penser. Tout se démembre et on ne se comprend plus, nous n’avons plus aucune idée de ce qui se passe chez les Juifs d’Europe et ceux-ci n’ont aucune idée de ce qui se produit ici... Je crains que ce voyage ne m’ait brisé le cœur » (p. 128). C’est un constat terrible et Scholem ne procure pas d’argumentation. Il explique simplement que les Juifs iront partout sauf en Palestine lorsqu’ils auront une idée de ce qui s’y passe parce qu’ils recherchent avant tout la tranquillité. Arendt écrit parfois à Scholem de manière cryptique : « Dans un certain sens, bien entendu, je suis soulagée, parce que je vois que vous savez vous aussi qu’il s’agit du déluge après lequel le monde a disparu » (27 novembre 1946, p. 135). Arendt est « soulagée » de trouver chez Scholem une lecture du monde d’alors qui fait écho à la sienne. Ils sont des « survivants ». Cette correspondance nous fait ainsi assister, comme en direct, à l’écriture par les deux auteurs de l’immédiat après-génocide.

Scholem, Arendt, les trésors et les livres

Bientôt commencent des échanges plus officiels et techniques entre les deux épistoliers sur les trésors culturels, les livres rares, bibliothèques et manuscrits, judaïca et hebraïca, du continent européen (lettres n° 51 à 105, près du tiers de l’ouvrage). Non seulement ces activités de localisation, de sauvetage puis de répartition sont peu connues du public dans leur détail, mais la lecture de cette partie de la correspondance offre de surcroît une sorte de vision en coupe très précise de la destruction et de la désolation, ainsi que des débuts de la guerre froide. Les précieux ouvrages localisés à grand peine après le génocide deviennent bientôt objets de litige entre les deux « blocs », comme à Prague ou lors de la création de la République démocratique allemande. Le fil de la récupération des trésors culturels juifs est un vrai thriller, et Arendt en Executive Secretary de la Jewish Cultural Reconstruction, d’une efficacité redoutable, d’autant que cette activité accompagne, pendant sa première phase, l’achèvement fébrile de son opus magnum,lesOrigines du totalitarisme. Elle fait d’ailleurs l’expérience de la détermination des Soviétiques à s’emparer de biens que les nazis avaient confisqués et pillés, tandis que Scholem est confronté à une tentative d’extorsion de fonds de la part du gouvernement tchèque. Un exemple illustre la complexité de la situation : l’administrateur provisoire qu’est « le Conseil des communautés culturelles juives », « successeur », après la guerre, des communautés anéanties, et qui ignore presque tout de la nature précieuse des objets dont il a la garde, « accepte de faire transporter en Israël les livres ayant appartenu à des Juifs, pour autant qu’ils n’étaient pas d’origine tchécoslovaque », mais quand les caisses d’objets en provenance de Theresienstadt sont prêtes, les autorités imaginent de réclamer près d’un million de couronnes. Et finalement, leur contenu quitte peu à peu le pays clandestinement, en même temps que des caisses autorisées, venues des châteaux de Bohême du Nord (p. 198, n. 1). Il n’arrivera à Jérusalem qu’en 1950.

Des lectures croisées

Dans le même temps les épistoliers parlent de leurs travaux et s’envoient, à mesure de leur parution, leurs écrits qu’ils discutent. Le dialogue des débuts est réellement fécond et empreint d’affection. Gershom Scholem a, par bonheur, conservé un exemplaire de Rahel Varnhagen qu’Arendt lui avait confié à Paris. Il le lui envoie et l’encourage vivement à le publier, car il trouve tout à fait intéressante la manière dont l’auteur montre l’abandon dans lequel Rahel s’est retrouvée, loin d’être l’étendard d’une assimilation réussie. Symétriquement, d’une certaine manière, Arendt apprécie fort Major Trends of Jewish Mysticism qu’elle reçoit en 1943 : « votre livre ne me sort plus de l’esprit et m’accompagne d’une manière inexprimée (mais soyez-en sûr pas inconsciente) dans mes propres travaux. Mais cela devrait être le cas de toute personne se préoccupant des choses juives » (p. 48). Elle rédige des notes de lecture qu’elle envoie à Scholem. Puis, mécontente des critiques parues aux États-Unis, elle confie ces notes au Menorah Journal, en vain. Elles seront finalement publiées par Hayim Greenberg dans Jewish Frontier en 1948, sous une version abrégée. Et le texte intégral figure désormais dans les documents annexés au volume.

Mais une première querelle importante se produit dès 1945, lorsque Scholem reçoit « Zionism Reconsidered ». Une des formulations de cette longue lettre de Scholem est restée célèbre : « IhrArtikel ist keine Frage an den Zionismus, sondern eine muntereNeuauflage kommunistischer Kritik strikt antizionistischen Charakters, versetz mit einem diffus bleibenden Golus-Nationalismus » : « Votre article ne constitue à aucun titre une interrogation sur le sionisme, vous proposez plutôt allègrement une nouvelle mouture de la critique communiste, farouchement antisioniste, où persiste un nationalisme implicite de golus [galout, exil] » (p. 90, trad. modifiée). Et l’historien, excédé, s’en prend à la manière même d’« argumenter » d’Arendt, ce qui n’est pas fréquent, notamment sur ce thème : « La mixture dont sont faits vos arguments est singulière au plus haut point, ils sont de calibres et de points de vue tellement différents que je ne peux les comprendre que comme une reprise de ce que peut grappiller [...] quelqu’un qui romprait avec un sionisme regardé comme une affaire réactionnaire... » La manière dont Arendt entend « reconsidérer » le sionisme revient à lui refuser toute pertinence dans un cadre étatique, en raison, précisément, de la faillite des États-nations. Et,dans un échange de 1950 pour la JCR, Arendt montre à nouveau une vive irritation qui exclut leur habituelle complicité : « il était pour l’heure [...] parfaitement inutile que le Pr G. Scholem écrive une lettre au Dr Hannah Arendt » (p. 234). Ces tensions n’interviennent pas dans une amitié sereine, la relation est devenue souvent difficile.

Toutefois, avec l’échange, dense, sur les Origines du totalitarisme leur dialogue se poursuit. Scholem, perspicace et astucieux, présente d’éventuelles réserves avec des formules malicieuses : « votre magnum opus se lit magnifiquement et vous conduit à toutes les réflexions inattendues possibles. » Il précise ensuite : « Sur le fond, je dois dire que même après lecture [admirable !], je ne suis toujours pas convaincu qu’il y ait un lien nécessaire entre antisémitisme et totalitarisme. Je trouve que votre façon de présenter les choses dans la première partie [L’antisémitisme] est tout à fait digne d’être prise en considération, mais sur le fond (ce qui a trait à l’histoire juive, par exemple) je ne crois pas que le nouveau phénomène du totalitarisme, qui a fait son entrée dans l’histoire avec Lénine, et non avec les impérialismes, en sorte éclairé » (p. 336, trad. mod.). Arendt choisit de faire siennes les réserves de Scholem en feignant peut-être de ne pas saisir le véritable objet de la critique de sa première partie : « Je me suis réjouie de ce que vous écrivez à propos de mon livre. Y compris et surtout du fait que vos critiques à son égard rejoignent les miennes. Mais pas en ce qui concerne l’antisémitisme. Il me semble jouer un rôle plus important que vous ne le supposez ; peut-être pas comme "origine" (le livre est à cet égard un misnomer ; il aurait dû s’intituler The Elements of T.) mais comme élément qui s’intègre justement au produit de la cristallisation » (p. 339). Voilà une reformulation méthodologique qui, dans sa concision, a fait couler beaucoup d’encre.

La fin d’une amitié

La véritable réciprocité dans la relation intellectuelle et la discussion rappelle l’échange sur Les Grands Courants de la mystique juive. À l’opposé, lorsque Scholem écrit douze ans plus tard sa critique de Eichmann à Jérusalem, en pleine controverse sur l’ouvrage, il revient sur la question du « ton » qui, à ses yeux, excluait déjà tout débat au moment du « Réexamen du sionisme ». Il y a donc à la fois une certaine convergence dans leurs intérêts et leurs analyses, et de profondes divergences qui l’emporteront. En effet, l’échange stricto sensu de lettres sur le Eichmann Book (p. 418-434), puis les négociations et les « arrangements » pour la publication constituent un complet dialogue de sourds qui montre le caractère inconciliable de leurs positions non seulement sur Eichmann à Jérusalem mais, plus généralement, sur la situation des Juifs et sur l’histoire juive. Leur opposition fondamentale tient à leur vision différente de la manière dont il faut chercher à « comprendre ce qui s’est passé », qui demeure leur commune préoccupation. En effet, les principaux points abordés — pour rappeler à grands traits la partie connue de cette correspondance — sont : l’insistance d’Arendt sur la faiblesse chez les Juifs, son ton pour le moins désinvolte que Scholem relie à l’absence d’Ahabat Israel (amour du peuple juif), l’appartenance naturelle à ce peuple pour Arendt, la question de l’attitude des conseils juifs et de leur diversité, le recul nécessaire pour juger en des matières aussi graves — l’un des éléments qui éloignent le plus Scholem d’Arendt —, et la formule de la banalité du mal qui, selon l’objection de l’historien, n’est plus articulée à une théorie morale (comme dans les Origines). La réponse si souvent reprise de la philosophe qui ne conçoit pas d’amour pour un peuple mais seulement pour des personnes (p. 428), lui permet de se soustraire à une partie des critiques de Scholem qui lui reproche sa méconnaissance de la situation historique des Juifs pendant l’annihilation. Ce choix laisse aussi entrevoir l’abîme qui sépare désormais les épistoliers et les a rendus définitivement étrangers l’un à l’autre.

par Michelle-Irène Brudny, le 7 mars 2013

Pour citer cet article :

Michelle-Irène Brudny, « Arendt-Scholem : un rendez-vous impossible », La Vie des idées , 7 mars 2013. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/Arendt-Scholem-un-rendez-vous

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