L’accroissement actuel des inégalités entraîne avec elle une différenciation des modes de vie et de consommation matérielle. L’homme unidimensionnel de Marcuse n’était pas que le double produit de la standardisation taylorienne des modes de production et de l’aliénation publicitaire. C’était aussi le miroir d’un capitalisme régulé où les inégalités étaient alors contenues. Ménages aisés et modestes pouvaient acheter le même blue-jean, le même barbecue, le même disque des Beatles.
L’impératif contemporain de différenciation des produits, d’adaptation aux désirs des clients (customisation), de mise en récit (storytelling), de recherche d’authenticité et d’originalité, n’est pas sans lien avec des pratiques distinctives renouvelées et amplifiées par des inégalités croissantes. Les élites portent désormais une grande attention à la singularité et à la personnalisation, à l’authenticité et à l’esthétique des biens qui peuplent leur vie, que ce soit des objets techniques (montres, téléphones, voitures), des vêtements, des éléments de décoration (tableaux, statues, luminaires), des propriétés mobiles et immobiles (yachts, appartements, châteaux). L’ouvrage de Luc Boltanski et Arnaud Esquerre souligne que ce mouvement de singularisation et d’esthétisation de la consommation des biens n’est pas le simple produit d’une meilleure adaptation de l’offre à la diversité des préférences. Personnes et objets y participent en entourant un nouvel objet d’un réseau de différences et de ressemblances, d’analyses et de récits qui le complète, lui donne de la valeur et permet sa transformation en marchandise. Avec cet ouvrage, L. Boltanski et A. Esquerre relient l’enrichissement des biens marchands à l’enrichissement d’une élite.
Une nouvelle théorie de la valeur
Les auteurs proposent pour cela une nouvelle théorie de la valeur et des prix. Le prix n’est pas que le point d’équilibre neutre entre offre et demande qui gouverne les échanges de biens et de monnaie entre acheteurs et vendeurs. C’est aussi un signe pris dans un système de signes. Cette nouvelle théorie se veut l’homologue pour les disciplines de l’échange marchand du linguistic turn qui a transformé les sciences sociales (p. 145). Le prix et la valeur ne sont plus un voile transparent décrivant la réalité. Les prix constituent la réalité de la même façon que le langage performe le monde et agit.
Le prix, expliquent les auteurs, fait l’objet d’attentes et d’évaluations critiques, qui sont argumentées et discutées par rapport à un système de prix. Qui plus est, dans un système marchand de transactions de gré à gré non centralisées, le prix est pluriel, labile et variable. Il dépend des stocks, des offres et des demandes locales, des calculs, des stratégies, des informations et des erreurs locaux. Il peut sembler excessif ou cassé. Comment en juger ? Les auteurs désignent par le terme métaprix (p. 130), non le prix singulier de chaque échange, mais le prix qui permet de juger le prix de l’échange. On pourrait simplifier cette notion avec le concept économique d’espérance de prix, mais ce serait escamoter la dimension discursive, relationnelle, argumentative et symbolique de cette construction. Les catalogues, les guides, les experts, les intermédiaires fournissent aux consommateurs des métaprix et leur évitent d’acheter (ou de vendre) les biens plus cher (ou moins cher) qu’ils ne valent.
Le décalage entre prix et métaprix et plus encore entre un prix singulier et plusieurs métaprix différents peut favoriser une explicitation des fondements de la valeur d’un objet. La valeur est ainsi « un dispositif de justification du prix » (p. 138). L. Boltanski et A. Esquerre surmontent là une tension propre à la théorie walrasienne du marché qui ne distingue pas valeur et prix des biens. Au sein de celle-ci, les acteurs n’ont en effet pas de point d’appui pour juger du prix des biens. Ils sont preneurs de prix et adaptent la quantité demandée à la variation des prix affichés, de telle sorte que les rapports de prix des biens consommés demeurent égaux aux rapports de leurs utilités marginales. La valeur, dans Théorie de la valeur, l’ouvrage de Debreu qui parachève l’œuvre de Walras [1], est un concept non spécifié qui renvoie au mieux au mécanisme marchand permettant à un vecteur de prix d’équilibrer l’ensemble des marchés. Dans la tradition néoclassique, la notion de valeur sert surtout pour les actifs financiers : la valeur fondamentale comme somme actualisée des flux financiers futurs, la valeur de marché comme prix d’un bien s’il devait être revendu sur le marché à l’instant t. Dans ces deux cas, la notion de valeur permet de repérer les actifs dont les prix sont sur- ou sous-évalués et de spéculer ou d’arbitrer en conséquence.
À rebours de la tradition néoclassique, L. Boltanski et A. Esquerre reprennent ici la distinction entre prix et valeur de Smith, Ricardo ou Marx. Chez ces derniers, la valeur est déterminée par la quantité de travail nécessaire à la production des biens. Elle sert à la fois de métaprix, pour évaluer des prix fluctuant sous l’effet de chocs exogènes de marché et, aussi, de justification. Les auteurs gardent de ces économistes classiques l’exigence de justification des prix, mais ne spécifient pas de principes, ou tout au moins pas un principe unique, permettant de le faire. Les principes de justification sont laissés à la latitude des acteurs. L. Boltanski et A. Esquerre se proposent alors de les suivre et d’en établir une typologie.
Les types de mise en valeur
Enrichissement insiste sur la diversité des modes de justification du prix des biens. On ne justifie pas de la même façon le prix d’un objet technique ou d’une œuvre d’art, d’un accessoire de mode ou d’un lingot d’or. Le premier oblige à spécifier les propriétés techniques, le deuxième appelle une critique esthétique, le troisième renvoie à une position dans le cycle de la mode et le quatrième au cours des matières précieuses. Mais l’opposition des argumentaires n’est pas qu’une opposition entre des biens de nature différente. On la retrouve parfois pour un même bien au cours de son cycle de vie. Un même bien, tel qu’une voiture (une 4L) ou une montre (Lip), peut faire successivement l’objet de ces 4 argumentaires. Il arrive sur le marché comme un objet technique dont le producteur détaille analytiquement les caractéristiques. On croit ou l’on fait accroire ensuite qu’il est distinctif, ce qui provoque un engouement. Dépassé techniquement, démodé, il entre dans le monde des rebuts et peut être plus tard ressuscité comme élément venant compléter une collection par un système de ressemblances et de différences pertinentes. Parce qu’il est collectionné ici et là, il devient alors objet de thésaurisation non pour lui-même ou pour la collection qu’il complète lors de son achat, mais en prévision de sa demande future et de toutes les nouvelles collections qu’il pourrait compléter.
L. Boltanski et A. Esquerre opposent donc 4 formes de justification du prix d’une marchandise — standard, tendance, collection et actif —, lesquelles peuvent être utilisées pour tous les biens. Ces 4 formes s’opposent à la fois par leur mode de présentation, analytique (formes standard et actif) ou narrative (formes tendance et collection), et par leur puissance marchande, c’est-à-dire leur tendance temporelle à la dépréciation (formes standard et tendance) ou à l’appréciation (formes collection et actif). La typologie est ici assez proche de celle esquissée par Pierre Bourdieu et Yvette Delsaut (p. 17-19) [2] — objet technique, objet symbolique à cycle court, objet technique hors d’usage constitué en antiquité, objet symbolique à cycle long — dont les modes d’appréciation ou de dépréciation temporelles étaient déjà étudiés.
La valeur de la marchandise exprimée dans le registre de la forme standard suppose de préciser les propriétés analytiques de l’objet. Ici, une approche classique fondée sur le calcul des coûts et sur la productivité marginale des facteurs (travail et capital) permet de rendre compte des prix. La qualité des biens et notamment leur durabilité et la différenciation des prototypes comptent comme facteurs de justification de l’élévation des prix.
La forme actif est une forme de valorisation des biens où ces derniers sont considérées non pour eux-mêmes, mais en fonction du prix potentiel de revente, que ce soit sur un autre marché à l’instant t (arbitrage) ou sur le même marché à une date ultérieure (spéculation). Les auteurs insistent sur quelques facteurs qui favorisent l’appréciation des biens comme actifs : liquidité, transportabilité, discrétion de la transaction, indexation dans des répertoires de prix (catalogues) et présence d’une classe supérieure opulente prête à acquérir de tels biens.
Même si elle peut porter sur des biens matériels dont la production est standardisée, la forme tendance néglige les caractéristiques techniques des biens, mais valorise les circonstances relatives à leur consommation, tels que les personnes l’adoptant (créateurs, stars), les lieux d’apparition (New York, Paris, Berlin), l’état d’avancement du bien dans le cycle de la mode (précurseur, tendance, démodé). Au sein de la forme tendance, un bien fait l’objet d’une présentation narrative mettant in fine au centre son pouvoir distinctif. Les auteurs reprennent ici les deux mécanismes de La distinction de Pierre Bourdieu [3], la démarcation et l’imitation, mais ils considèrent qu’ils fonctionnent pour toutes sortes de hiérarchie (âge, beauté, etc.) et non plus pour la seule hiérarchie des classes sociales. Une personne se démarque par sa consommation de biens de celle des personnes inférieures en imitant celle des personnes supérieures, ce qui suffit à enclencher un cycle de mode.
La collection ou la mise en série
La forme collection sert finalement de colonne vertébrale à l’ouvrage. La collection de timbres, exemple emblématique, peut prêter à sourire comme mode quelque peu désuet et artificiel d’attribution de valeur à des étiquettes de prix d’envoi postal. Pourtant loin d’être dépassée, la collection serait un mode de rapport aux biens caractéristique du capitalisme contemporain.
Dans la collection, un bien prend sens comme élément d’un ensemble fini de biens, unis à la fois par un principe directeur (timbres, vielles voitures, millésimes d’un grand cru, manuscrits de Zola) et par une série de différences pertinentes : le doublon n’a pas d’intérêt en soi, mais seulement en vue d’un échange futur. Le principe organisateur est alors une convention partagée par une communauté de collectionneurs, communauté qui contribue à singulariser, valoriser et raréfier les objets collectionnés. Le bien d’une collection est alors détourné de son usage initial et devient avant tout l’objet d’une contemplation comme élément d’un ensemble. L. Boltanski et A. Esquerre soulignent ainsi le paradoxe du collectionneur de grands vins qui ne peut consommer une bouteille de sa collection sans en détruire la cohérence.
La singularisation d’un bien et son aptitude à venir compléter un ensemble tient également à l’ensemble des discours sur cet objet qui le relient à une chaîne d’autres objets, mais aussi à une chaîne de personnes en rapport avec lui. La montre Lip du général De Gaulle (p. 284) gagne en valeur parce qu’un discours historique la relie à une personne de valeur. Comme pour la relique, la valeur de la montre dépendra donc du degré de croyance dans cette association. Le marché de l’art comporte ainsi de nombreux cas où la valeur des biens échangés change subitement en fonction de la variation de la croyance dans sa relation avec une célébrité du passé (est-ce un tableau de Caravage ou celui d’un de ses élèves ?).
L. Boltanski et A. Esquerre délimitent alors deux principes d’appréciation des objets d’une collection, d’une part le nombre de spécimens disponibles, et d’autre part la force mémorielle attribuée à l’objet collectionné, qui renvoie à sa capacité à être relié aux choses, personnes et valeurs du passé.
L’économie des objets de collection diffère donc en plusieurs points de la fonction de demande de l’économie néoclassique. Cette dernière permet de décrire avant tout la demande individuelle au sein de la forme standard comme une relation entre un consommateur et ses préférences d’une part, le bien, ses caractéristiques et son prix d’autre part, relation qui peut in fine faire abstraction des autres consommateurs et des autres biens (au delà du seul effet de substitution). La forme actif oblige à réintroduire les autres consommateurs et leurs préférences, mais uniquement au travers de leurs effets potentiels sur les prix du bien sur un autre marché ou dans le futur. La forme tendance ouvre un espace à l’interdépendance des préférences : l’on préfère ce que les personnes que l’on valorise valorisent et ce que les personnes que l’on dévalorise méconnaissent encore. La forme collection combine ces 3 mécanismes de formation de la demande et ajoute aussi plusieurs niveaux supplémentaires d’interdépendance. Les biens, dès lors qu’ils sont mis en série comme éléments d’un ensemble, exercent des externalités les uns sur les autres. Comme au jeu des 7 familles, la demande pour un bien dépend de la possession des autres éléments de la série qu’il complètera. D’autre part, les autres individus influencent aussi la demande individuelle par leur participation au discours de mise en relation du bien avec le passé, et ce que ce soit pour créer ou recevoir, répéter ou contredire, enrichir ou résumer une telle construction narrative.
L’économie de l’enrichissement
Armées de ce nouveau modèle — la forme collection — pour penser la valeur des choses et la demande de biens, les première et quatrième parties de l’ouvrage définissent les contours d’une économie et d’une société de l’enrichissement. Les auteurs regroupent sous ces termes des phénomènes en apparence déconnectés tels que le tourisme et sa promotion, le luxe et les activités de mode, les activités culturelles et les politiques culturelles nationales (par exemple le régime des intermittents du spectacle) ou locales (festivals artistiques estivaux), les musées et la muséification, le patrimoine urbain et les stratégies de patrimonialisation des vestiges industriels, le commerce de l’art et l’artification de la consommation ordinaire (c.-à-d. les boutiques du Marais qui ne présentent en vitrine qu’un seul vêtement), la préservation des paysages et de l’environnement et la gentrification des centres urbains. Ces différents segments de l’activité économique, des politiques publiques, des activités culturelles et artistiques s’imbriquent pour mettre en série les objets, établir des relations de ressemblance et de dissemblance pertinentes et produire des discours sur leur relation au passé et la valeur de ce passé.
Les sociétés de l’ancienne Europe, en particulier la France et l’Italie, riches d’un passé artistique valorisé et de centres urbains anciens et préservés, sont à l’avant-garde de ce phénomène d’enrichissement. Les auteurs étudient deux cas : la patrimonialisation des vestiges industriels d’Arles et surtout l’invention d’une tradition de coutellerie à Laguiole (chapitre 12). Pour lutter contre la désertification rurale, cette petite bourgade de l’Aubrac a envoyé quelques jeunes se former à l’art de la coutellerie à la fin des années 1970, lesquels à leur retour ont (re-) fondé des coutelleries. Les acteurs établissent une généalogie assez incertaine reliant la nouvelle coutellerie, à celle plus ancienne ayant existé à Thiers (pourtant distante de près de 200 kilomètres) ou à des couteaux, fort différents, qui se produisaient dans ce village au XIXe siècle. La promotion des paysages de l’Aubrac, de sa production de fromage (AOC Laguiole), la réinvention d’un folklore à travers de nouvelles fêtes traditionnelles créent une économie intégrée où le tourisme, les collections de couteaux artisanaux et la mise en valeur de la gastronomie locale et du patrimoine rural s’enrichissent mutuellement.
La collection au delà des biens matériels
Faut-il faire de l’économie de l’enrichissement un nouveau stade du capitalisme, comme nous étions déjà invités à le faire pour le capitalisme en réseau 20 ans plus tôt [4] ? Cette notion a certes l’avantage de souligner les complémentarités institutionnelles des différents secteurs de la consommation marchande et de la production culturelle. Mais ses contours restent flous : est-ce un macro-secteur ? Est-ce l’économie elle-même ? La nouveauté et la généralité de l’économie de l’enrichissement ne sont pas encore établies — ce qui plaide pour des travaux ultérieurs. L’intérêt de l’ouvrage tient plutôt à sa nouvelle théorie de la valeur et à sa réhabilitation de la notion de série en sciences sociales grâce à un objet théorique et empirique concret et tangible, la forme collection.
Dans les années 1950 et 1960, la notion de série avait connu un grand succès dans nombre de domaines allant de la musique (musique sérielle) au roman (le Nouveau Roman), en passant par la psychanalyse et les SHS sous l’influence du structuralisme. Les éléments d’une série se suivent, se déterminent mutuellement selon une logique impérieuse et une ardente nécessité.
Cependant les sciences sociales sérialistes se heurtaient à une difficulté théorique et empirique : la mise en évidence d’une série par simple mise en relation d’éléments épars vaguement apparentés pouvait paraître arbitraire, voire non falsifiable. Dans son roman Cosmos, Gombrowicz caricature ainsi cette tendance en campant un héros obsédé par les relations entre des signes bigarrées : un moineau, une bouche, une fissure, un prêtre [5]. Du structuralisme, on conserve surtout les séries les plus simples, lesquelles semblent moins arbitraires, en particulier les oppositions polaires et binaires : intérieur et extérieur, masculin et féminin, etc. L. Boltanski et A. Esquerre, en étudiant des collections en train de se faire, en recueillant les intentions des collectionneurs, permettent de retrouver un travail de mise en série non polaire et non binaire sans risque de tomber dans l’arbitraire.
Toutefois, dans Enrichissement, les auteurs réduisent les collections à celles d’objets ayant un « corps » (p. 252). Ceci permet certes de se concentrer sur des biens rivaux faisant l’objet d’une propriété privée exclusive et cessible, objets appropriables et appropriés devenus cruciaux à l’heure du retour du capital et du primat de la logique patrimoniale. Mais ceci escamote la généralité de la forme collection. Les auteurs négligent l’ensemble des modes de fréquentation d’un bien (contemplation distante, emprunt, location, etc.) ainsi que la tendance des individus à mettre en série toutes sortes d’expériences, que celles-ci soient juridiquement appropriables ou non. Or, les collections symboliques sont sans doute plus courantes que les collections matérielles : lire tous les romans de Flaubert, visiter ici ou là tous les monuments 3 étoiles au guide Michelin, refaire toutes les étapes du tour de France, gravir les 7 plus hauts sommets des 7 continents, alimenter une collection de photographies d’escaliers sur Instagram, etc. Guides, palmarès et listes singularisent tout autant qu’ils mettent en relation des œuvres et des expériences et créent de la série là où il n’y avait que proximité confuse. L’éducation n’est pas en reste en dégageant des séries de choses à connaître : événements, lieux, œuvres, théories, etc. L’accumulation du capital culturel repose avant tout sur des collections symboliques. Ces collections sont alors intérieures. Elles n’ont pas vraiment de prix, ne s’échangent pas directement de manière marchande et ne se transforment pas aisément en actifs spéculatifs.
Collections intérieures et collections extérieures pourraient sembler deux phénomènes distincts. Elles entretiennent pourtant des liens étroits d’influence mutuelle et d’opposition. Il ne s’agit pas de ranimer l’opposition bourdieusienne du symbolique et du matériel entre l’être et l’avoir, entre d’un côté des professeurs qui vont aux expositions sans rien acheter et de l’autre des bourgeois qui achètent des œuvres, mais aussi de mieux penser et voir les contours d’une critique de l’économie de l’enrichissement que les auteurs peinent à trouver (p. 481-485). Cette critique de l’appropriation matérielle peut venir des domaines esthétiques où l’appropriation matérielle est somme toute très secondaire (littérature, musique) ou au contraire traverser les arts plastiques entre plusieurs modes d’appropriation (privée, publique, temporaire, collective). Une telle étude complémentaire à Enrichissement permettrait alors de déterminer les conditions dans lesquelles l’enrichissement symbolique ne sert pas in fine l’enrichissement matériel.
Recensé : Luc Boltanski & Arnaud Esquerre, Enrichissement. Une critique de la marchandise, Gallimard, Paris, 2017, 672 p., 29 €.