L’Écosse, tout comme l’Angleterre, a nourri des ambitions coloniales. Dans les années 1690, en concurrence avec les autres puissances de l’époque, l’Écosse se lance dans le projet colonial de Darien, au Panama. L’échec de cette entreprise a conduit à l’Union de l’Angleterre et de l’Écosse en 1707, et à la crispation toujours présente des revendications identitaires et nationalistes écossaises.
La victoire du « non » au référendum portant sur l’indépendance de l’Écosse en septembre 2014 a paru sonner le glas des espoirs indépendantistes du SNP et de ses partisans [1]. Cette campagne, en offrant une vitrine de choix au discours patriotique écossais, a également rouvert de vieilles blessures touchant au cœur la fierté écossaise : parmi elles, l’échec de la colonie de Darien sur l’isthme de Panama entre 1698 et 1700, dernière entreprise coloniale de l’Écosse en tant que nation indépendante. La couverture médiatique du projet Darien en amont du référendum de septembre 2014 – médiatisation inattendue pour un épisode historique remontant à plus de trois siècles – témoigne aujourd’hui encore de sa charge émotionnelle. Si l’histoire de la colonie a fait l’objet d’un traitement informatif par les médias traditionnels tels que la BBC [2], la plupart des références à la colonie de Darien ont refait surface dans des journaux britanniques orientés politiquement à droite [3], allant de l’allusion à peine voilée au lien clairement établi entre Écosse indépendante et désastre économique. Un point a été particulièrement mis en lumière : la banqueroute de l’Écosse aurait été la conséquence directe de l’échec de la colonie, dont la seule issue possible était le sauvetage économique offert par l’Union avec l’Angleterre, réalisée en 1707. La mise en avant de cette idée par certains médias a poussé à l’expression d’un sentiment anti-écossais sur Internet, soulignant la supposée incapacité latente et héréditaire des Écossais à pouvoir gérer économiquement leur pays de manière efficace [4]. Bien que cette question n’ait pas occupé une place centrale dans les débats, il est néanmoins frappant que certains aient jugé pertinent de la mentionner et de l’instrumentaliser à des fins politiques, au regard de l’ancienneté des faits et d’un contexte politico-économique très différent.
Si la colonie de Darien est encore présente dans les esprits, c’est parce que les conséquences de son échec furent si retentissantes pour l’Écosse et l’Angleterre que beaucoup s’accordent à l’évoquer en termes de « catastrophe ». En exégète de la question, Douglas Watt insiste ainsi sur la valeur presque totémique de ce désastre national [5]. On peut cependant discuter de la validité d’une telle conception, qui ne présente que les conséquences négatives de cette aventure coloniale pour l’Écosse. Cette interprétation semble l’enfermer dans ce rôle paradigmatique de désastre monumental. À cela s’ajoute souvent l’idée prégnante, relevant presque d’un déterminisme historique rétrospectif, que la colonie était dès ses débuts irrémédiablement vouée à l’échec.
On peut également s’interroger sur la singularité de cette colonie écossaise dans le contexte politico-économique de cette fin du XVIIe siècle. Pour beaucoup, la colonie de Darien reste le symbole de la mise à mort des espoirs écossais d’une colonie indépendante, et le catalyseur principal de l’Union. On tend à oublier qu’elle était également l’expression spectaculaire d’un conflit de représentations impériales entre l’Angleterre et l’Écosse, conflit qui dénonçait l’artificialité de l’union régalienne dans le contexte d’un développement des échanges mercantiles coloniaux [6]. Son échec démontra la nécessité d’une union plus étroite pour assurer le développement économique et la survie politique de ces deux nations, à l’heure des rivalités européennes et de compétition sur la scène atlantique [7].
Un projet national d’envergure
Revenons brièvement sur les événements qui menèrent à la création puis à l’échec de la colonie. Vers la fin des années 1680, William Paterson, Écossais et futur membre fondateur de la Banque d’Angleterre, pousse à la création d’une compagnie marchande écossaise. Une loi entérine en 1695 la création de la Company of Scotland Trading to Africa and the Indies [8]. Celle-ci est créée dans un esprit d’autonomie nationale, avec pour but avéré d’établir l’Écosse comme concurrente sérieuse des autres nations européennes, notamment de l’Angleterre et son East India Company, compagnie marchande qui détenait le monopole du marché colonial anglais. Les directeurs de la Company of Scotland décident de subventionner leurs futures entreprises coloniales par le biais d’une société par actions.
En 1696, ils organisent une levée de fonds afin de financer un projet colonial qui restait à définir pleinement. La campagne de souscriptions devait originellement débuter à Londres et attirer des investisseurs anglais, écossais et étrangers. Une forte opposition anglaise, menée par la East India Company, pousse le roi Guillaume III à ne pas soutenir le projet [9].
La campagne de souscription en Écosse est un immense succès : il ne faut pas plus de cinq mois, du 26 février au 1er août 1696, pour atteindre la somme record de 400 000 livres, ce qui était fort surprenant pour une nation sévèrement touchée par les guerres et les famines. En s’attardant sur l’origine sociale des souscripteurs, Douglas Watt a découvert que de manière surprenante, ce n’était pas ceux qui détenaient le plus de capital, à savoir les marchands, qui représentent le plus gros pourcentage d’actionnaires − ce qui était pourtant communément le cas dans les sociétés par actions −, mais les petits propriétaires terriens, les lairds, à hauteur de 34% [10]. La promesse de terres fertiles dans la future colonie n’est peut-être pas étrangère à l’intérêt qu’ils manifestèrent pour la compagnie. Des membres de presque toutes les couches sociales de la population écossaise participent financièrement et, fait plus insolite encore, l’on retrouve la présence de plusieurs femmes parmi les actionnaires. L’ampleur de l’adhésion à ce projet colonial a ainsi grandement participé à sa légende et en a fait une entreprise nationale.
L’entreprise de colonisation débute deux ans plus tard. Le choix du lieu de la colonie s’est porté sur le territoire de Darien, vers l’isthme de Panama : l’emplacement est stratégique et prometteur, trait d’union entre océan Atlantique et océan Pacifique. Ce site de colonisation se trouve cependant en plein territoire espagnol : bien qu’au fait de la situation, les colons semblent avoir sous-estimé l’importance de cette présence étrangère. Cinq navires avec 1200 colons à leur bord quittent le port de Leith en juillet 1698 et jettent l’ancre à Darien, rebaptisé New Caledonia, en novembre de la même année. Les conditions de vie exécrables sur place – pénurie de vivres, matériel de pêche inadéquat, épidémie de malaria – poussent les colons à fuir en direction de la Jamaïque et de l’Écosse dès juillet 1699. La nouvelle de l’abandon de la colonie n’arrive pas à temps en Écosse et une seconde expédition atteint la colonie en novembre 1699. Les nouveaux arrivants découvrent sur place, stupéfaits, une colonie désertée et en ruines, et sont bientôt la proie d’attaques de la part des Espagnols qui possèdent des forts militaires non loin. Affaiblis par le manque de vivres, menacés par les Espagnols, et malgré de nombreux appels à l’aide à destination de Guillaume III – restés sans réponse –, les Écossais abandonnent définitivement Darien en février 1700. L’Écosse, qui avait investi d’énormes sommes d’argent dans le projet, se retrouve dans une situation économique très difficile.
Deux conceptions impériales opposées
Certains historiens ont vu dans l’enthousiasme suscité par la collecte de fonds pour le projet de Darien l’exemple-type de la folie financière , car le nombre d’Écossais qui participe de manière effective à la campagne est anormalement élevé pour l’époque et pour ce type de sociétés marchandes. L’explication la plus convaincante d’un tel engouement est proposée par David Armitage et mêle raisons économiques et politiques : l’attrait de posséder des terres, les potentielles retombées économiques du projet en Écosse et la volonté de s’affirmer en égale des autres nations européennes sur la scène internationale, notamment par rapport à l’Angleterre [11].
Cet enthousiasme pour l’établissement d’une colonie lointaine s’explique également par un élan patriotique sans précédent en Écosse. L’historien Thomas Devine l’évoque en termes de « croisade patriotique » [12], exprimant deux éléments clés de Darien : l’importance de la mère-patrie et le rôle central du sentiment religieux. L’Église d’Écosse (ou Kirk) avait soutenu activement l’entreprise, envoyant dès la première expédition des hommes d’Église afin d’apporter un appui moral aux colons, mais également pour évangéliser les populations locales. Le continent « vierge » qui attendait les colons incarnait le fantasme de la terre promise, d’une terre d’abondance et d’avenir, offrant une vision en creux de l’Écosse de la fin du XVIIe siècle. Poèmes et lettres célébraient la beauté de ses paysages, exagérant sa végétation luxuriante et sa faune exotique [13].
Arms of the Scottish Company Trading to Africa and the Indies. The Latin text translates as : Wherever the world extends, united strength is stronger (Sp Coll Spencer f51) - Source : University of Glasgow Library.
La forte opposition anglaise à ce projet resserra les liens d’une Écosse en quête d’unité nationale. On retrouve cette idée – la réalisation de l’unité nationale par le truchement d’un projet international – sur le blason de la Company of Scotland, qui représente deux hommes de couleur portant des pagnes et affiche l’ambition écossaise avec une devise en latin Qua panditur orbis/Vis unita fortiori : « Là où le monde s’étend, l’union fait la force ». Nul ne pouvait se méprendre sur l’origine de l’expédition ni sur les attentes élevées qu’elle avait engendrées. Cependant, l’essence du projet de Darien semble n’avoir été écossaise que par la force des choses : comme William Paterson le déclarera plus tard, le projet avait au début de la levée de fonds une visée beaucoup plus englobante et « britannique », avec pour but final une incorporation de l’Écosse dans une union avec l’Angleterre renforcée par un même désir impérial [14].
S’il est indéniable que l’échec de la colonie de Darien est en partie imputable à une mauvaise préparation ainsi qu’à une évaluation erronée de la situation géopolitique de la région, la position très défensive de l’Angleterre envers le projet colonial a joué pour beaucoup dans son insuccès. Guillaume III a souvent été accusé d’avoir trahi les colons écossais en privilégiant les intérêts anglais. Il est avéré que dès les prémices du projet, le roi avait exprimé son mécontentement quant à la création de la Company of Scotland par le Parlement écossais, une loi votée en son absence. Cependant, sa prise de position – plus ou moins officielle – contre le projet colonial écossais s’explique plus par la volonté de préserver l’intégrité du royaume et de privilégier l’hégémonie maritime anglaise que par une opposition de principe. Ainsi, le fait de céder aux pressions de l’East India Company participait du désir de respecter l’ordre mercantile au sein duquel la compagnie marchande évoluait et ainsi, de ne pas s’attirer les foudres de la classe marchande londonienne. Enfin, parce qu’en 1699, les Anglais et les Espagnols étaient alliés contre leur ennemi commun, le roi français Louis XIV, porter secours aux colons écossais qui s’étaient établis en plein territoire espagnol aurait brisé cette entente, fragilisé l’équilibre politique en Europe et menacé la suprématie anglaise. Cette crise politique et diplomatique soulignait donc le caractère irréconciliable de deux nations unies par une couronne mais dont les aspirations impériales s’excluaient mutuellement.
L’instrumentalisation politique du sentiment anglophobe en Écosse
Parce que les attentes liées à la colonie de Darien étaient si fortes, la nouvelle de la fuite des derniers colons en 1700 est très mal accueillie en Écosse. L’image d’une nation unie dans une aventure commune vole en éclats. Les conséquences de l’échec de la colonie de Darien dépassent bientôt les frontières écossaises en compliquant durablement les relations anglo-écossaises. Comme l’évoque Helen Paul, la découverte du rôle joué par les Anglais dans la campagne de souscription ratée à Londres et à l’étranger choque beaucoup en Écosse. Fort étrangement, les Écossais ne semblent pas avoir dirigé cette colère contre le roi, tout du moins dans les premiers temps : la responsabilité d’une telle débâcle est alors rejetée sur les conseillers perfides (evil counsellors) plutôt que sur le monarque lui-même [15]. Cet aveuglement de la part des Écossais s’explique par la loyauté indéfectible qu’ils entretiennent envers leur souverain. Guillaume II d’Écosse et III d’Angleterre a jusqu’alors pu compter sur le soutien financier et militaire d’une partie des Écossais lors de ses nombreuses campagnes ; il apparaît comme le défenseur du protestantisme, et inspire confiance en Écosse. Cependant, lorsque le gouverneur de la Jamaïque, William Beeston, publie sur ordre du roi une proclamation déclarant que la colonie écossaise a mis en péril les relations diplomatiques entre l’Angleterre et l’Espagne et qu’en conséquence, aucune aide ne leur sera apportée, le rôle du monarque ne fait plus aucun doute [16]. Lorsqu’ils fuient la colonie et atteignent la Jamaïque, les rares survivants de la colonie de Darien se retrouvent sans ressources et doivent signer des contrats de servitude temporaire (devenant ce qu’on appelle en anglais des indentured servants [17]) pour survivre. Cela est ressenti comme un ultime affront en Écosse, un énième exemple de la soumission symbolique de l’Écosse face à l’Angleterre et la preuve que « leur » roi est prisonnier des intérêts anglais.
Dès 1700, l’échec de la colonie de Darien est longuement débattu dans la sphère publique. Il est difficile d’évaluer si le sentiment anglophobe qui fait son apparition dans de nombreuses publications reflète un état d’esprit général et homogène, ou bien seulement celui des pamphlétaires, car l’espace public n’étant pas forcément le lieu de la rationalité pousse à l’exacerbation des opinions. Il est cependant certain que Darien a été instrumentalisé à des fins politiques par les deux camps, ceux en faveur d’une union plus étroite avec l’Angleterre et ceux qui y sont farouchement opposés. À titre d’exemple, le pamphlet Caledonia, or, The Pedlar Turn’d Merchant (1700) dénigre la colonie écossaise en reprenant à son compte tout le cadre argumentatif des pamphlets en faveur de Darien – la mission divine, la fierté nationale, la nécessité de développer l’industrie et le commerce écossais, le rêve d’un empire colonial –, offrant un portrait en négatif de l’ensemble. Le texte développe une longue critique d’une nation qui nourrissait l’ambition cupide de s’élever au rang prestigieux de sa voisine. Ainsi, cette jalousie indigne envers l’Angleterre n’aurait été qu’un exemple parmi d’autres de la nature médiocre d’une nation naturellement incapable de progrès [18].
De sujet débattu sur la place publique, l’échec de Darien devient véritablement un argument politique en Angleterre et en Écosse avec l’essor d’une coalition de Tories et de Whigs (connu sous le nom de Country Party, une mouvance politique opposée au Court Party qui est au pouvoir à Londres). De mars 1700 à janvier 1701, cette coalition présente plusieurs adresses et pétitions au Parlement : protestant contre le traitement réservé aux colons, le Country Party réclame en outre une reconnaissance officielle de la légalité et de la légitimité de la colonie. La tension atteint un pic lorsqu’une émeute éclate le 20 juin 1700 à Édimbourg afin de libérer deux pamphlétaires détenus à la prison de Tolbooth pour avoir publié des écrits défendant la colonie. Cette agitation révèle l’émotion liée à l’échec de Darien, preuve de l’importance de la colonie dans les débats sur la possibilité d’une union anglo-écossaise. L’évolution sémantique du signifié « Darien », d’espoir à échec national pour finalement se transformer en vecteur d’une campagne populiste menée par les deux bords politiques, démontre la puissance de sa symbolique.
On a souvent attribué à l’échec de la colonie de Darien le rôle de catalyseur de l’Union. Certes, les conséquences de Darien dépassent largement celles d’un simple revers colonial : l’ampleur de la perte financière, qui a affecté considérablement l’économie écossaise, signifie en substance le report sine die, voire la fin définitive d’aspirations coloniales de la nation indépendamment de l’Angleterre. C’est la mort de l’idéal impérial écossais, et cela n’augure rien de bon pour la sauvegarde des intérêts politiques et économiques de la nation. Dans cette conjoncture, l’Union offre à la fois un climat économique favorable pour le développement d’entreprises commerciales et des perspectives impériales sans équivalent, perspectives qui sous-tendent inévitablement une association étroite entre Anglais et Écossais. Lors des négociations du traité d’Union dans les années 1700, la question de Darien est longuement débattue et en partie résolue par un accord financier compensatoire, « l’Équivalent ». Souvent décriée – à tort – comme une tentative de corruption déguisée, l’Équivalent est présenté comme la seule solution permettant d’assainir les comptes de l’Écosse, tout en préservant la stabilité de la nouvelle Grande-Bretagne, qui aurait sinon été fragilisée par la vulnérabilité financière de l’Écosse [19].
L’adoption du Traité d’Union est donc un compromis entre l’Angleterre et l’Écosse. L’intégration de cette dernière au sein de l’Angleterre – incorporation qu’elle avait toujours violemment rejetée – n’a pas lieu, et l’Angleterre et l’Écosse sont toutes deux incorporées au sein de la Grande-Bretagne, état nouvellement créé. L’Écosse peut également conserver son système légal et éducatif. Si le traité est un remarquable exemple de la manière dont un processus politique pouvait mener à une formation étatique, la majorité de ses clauses porte sur les aspects économiques de l’Union. L’adoption du Traité d’Union a pour certains le goût amer de la défaite mais il est indéniable qu’en substance, il offre aux Écossais l’accès aux marchés intérieurs anglais mais surtout aux colonies et leur ouvre un horizon économique dont ils n’auraient jamais pu rêver. L’entrepreneuriat dont ils ont fait preuve et la motivation qu’ils ont manifestée quant à cette entreprise coloniale sont autant d’indicateurs de leur volonté de tirer le meilleur parti de cette union sur la scène politique. Le traitement négatif de la colonie de Darien par certains médias britanniques lors de la campagne pour le référendum de 2014 n’était donc pas convaincant, puisque ceux qui désiraient souligner l’incapacité historique d’action politique de l’Écosse ont au contraire mis en lumière tout son potentiel d’innovation.
Mélanie Cournil, « La colonie de Darien. L’échec de l’empire écossais à la fin du XVIIe siècle »,
La Vie des idées
, 13 octobre 2015.
ISSN : 2105-3030.
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[1] Le triomphe du SNP aux élections du 7 mai 2015 semble cependant indiquer que la campagne pour l’indépendance écossaise n’est pas nécessairement terminée.
[3] La plupart des exemples sont tirés d’une certaine presse, tabloïds ou journaux sensationnalistes, mais l’on retrouve quelques occurrences dans la presse de qualité, comme The Daily Record, ou The Telegraph.
[4] S’il est difficile d’apprécier la véritable portée de propos injurieux tenus dans les commentaires de la presse en ligne ou sur les réseaux sociaux, il est aisé d’évaluer l’impact de la déclaration malheureuse, lors d’un débat télévisé le 26 février 2014 sur la chaîne STV News, de Johann Lamont, chef du Parti Travailliste en Écosse : « Nous ne sommes pas génétiquement programmés en Écosse pour prendre des décisions politiques » ; « We’re not genetically programmed in Scotland to make political decisions ».
[5] « totem of national disaster », Douglas Watt, The Price of Scotland : Darien, Union and the Wealth of Nations, Édimbourg, Luath Press Limited, 2007, p. 248.
[6] Malgré un souverain commun depuis Jacques Ier d’Angleterre et VI d’Écosse depuis 1603, les deux nations fonctionnaient de manière distincte dans de nombreux domaines. Le commerce anglais était ainsi régulé selon la pratique mercantile de l’époque, incluant des mesures protectionnistes telles que les Actes de Navigation (à partir de 1651), qui restreignaient considérablement pour les Écossais l’accès au marché anglais. Cette pratique commerciale permettait à l’Angleterre de dominer économiquement l’Écosse.
[7] Les préparatifs de la colonie de Darien coïncidèrent avec la fin de la Guerre de Neuf Ans, qui fit bouger les lignes politiques en Europe tout en confirmant la légitimité de Guillaume d’Orange (ou Guillaume II d’Écosse et III d’Angleterre) en tant que souverain de l’Angleterre et de l’Écosse. La Guerre de Succession Espagnole, à partir de 1701, ne fit que renforcer l’instabilité politique et eut un impact non négligeable sur les relations entre Anglais et Écossais.
[8] An Act of Parliament for Encourageing the Scots Affrican and Indian Company, 26 juin 1695.
[9] Douglas Watt, « The Management of Capital by the Company of Scotland 1696-1707 », Journal of Scottish Historical Studies, Vol. 25, N°2, novembre 2005, p. 101.
[11] David Armitage, « The Scottish Vision of Empire : the Intellectual Origins of the Darien Venture », in John Robertson (éd.), A Union for Empire : Political Thought and the British Union of 1707, Cambridge & New York, Cambridge University Press, 1995, p. 102.
[12] Thomas Devine, Scotland’s Empire : 1600-1815, Londres, Penguin, 2004, p. 43. On peut cependant remarquer ici la frontière ténue entre patriotisme (l’attachement d’un individu à sa patrie) et nationalisme (exacerbation du sentiment national à l’exclusion des autres nations). L’attitude assez hostile des Anglais face à la campagne de souscription est en partie instrumentalisée par William Paterson et pousse à une certaine radicalisation des valeurs patriotiques en Écosse. Douglas Watt ne fait cependant pas véritablement la différence entre patriotisme et nationalisme. Douglas Watt, art. cit., 2005.
[13] Voir par exemple Anonyme, A letter, giving a description of the Isthmus of Darien [...], Édimbourg,, John Mackie and James Wardlaw, 1699, p. 5 & p. 7.
[14] Allan MacInnes, Union and Empire : The Making of the United Kingdom in 1707, Cambridge, Cambridge University Press, p. 131.
[15] Helen Paul, « The Darien Scheme and Anglophobia in Scotland », Discussion Papers, Southampton, University of Southampton, 2009 p. 10.
[16] Les colonies anglaises de la Barbade et de New York en font de même. Douglas Watt, art. cit., p. 115 ; Lettre de James Vernon à Francis Nicholson in Hiram Bingham, « Virginia Letters on the Scots Darien Colony », The American Historical Review, vol. 10, n°4, juillet 1905, p. 814.
[17] Le système d’indenture, système contrôlant la main d’œuvre dans les colonies américaines, reposait sur l’établissement d’un contrat légal entre deux parties, selon lequel une personne (l’indentured servant) s’engageait pour une durée déterminée (généralement de cinq à sept ans) à travailler pour un colon en échange du prix de la traversée atlantique (lorsque celui-ci émigrait vers les colonies américaines) et de l’octroi d’un lopin de terre ou d’une somme d’argent fixée au préalable.
[18] Anonyme, Caledonia ; or the Pedlar turn’d Merchant. A Tragi-Comedy, As it was Acted by His Majesty’s Subjects of Scotland, in the King of Spain’s Province of DARIEN, Londres & Westminster, s.n., 1700.
[19] MacInnes démontre cependant que la clause de l’Équivalent n’est pas du tout avantageuse pour l’Écosse. La dette de l’Angleterre étant à l’heure de l’Union très élevée, il faut trouver l’argent autre part, c’est-à-dire dans les recettes fiscales obtenues par une plus grande imposition en Écosse. Dans les faits, les Écossais payent en partie leur propre compensation. MacInnes, op. cit., p. 320.