Cet ouvrage montre au contraire que l’anti-intellectualisme manifeste, en France, une ardeur continue depuis le XIXe siècle. De Proudhon à Michel Houellebecq, des anarchistes aux catholiques intransigeants, des nationalistes maurrassiens aux maoïstes ou aux situationnistes, il entrelace des traditions à première vue contradictoires, dont les clivages manichéens – entre la gauche et la droite, l’art et la critique, la mondanité et la science, l’élitisme et le populisme – ne permettent pas d’appréhender la convergence au sein d’une culture partagée.
Aux « rhéteurs », aux « gendelettres », au « prolétariat des bacheliers », aux « fonctionnaires de la pensée », aux « intellectuels fatigués », à l’« intelligentsia », on reproche de servir le pouvoir ou de subvertir le peuple, de s’engager ou de se taire, de parler pour les autres ou de disserter entre eux… Mais derrière le procès des intellectuels, le plus souvent instruit dans leurs rangs, c’est moins une « guerre à l’intelligence » qui est menée que des batailles de frontières autour de leur place en démocratie.
Pour citer cet article :
Sarah Al-Matary, « La Haine des clercs. L’anti-intellectualisme en France. Seuil »,
La Vie des idées
, 14 mars 2019.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://laviedesidees.fr/La-Haine-des-clercs-L-anti-intellectualisme-en-France
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