Les sociétés qui effacent leur passé en pensant par là éliminer leur culpabilité ne font que menacer leur avenir. Telle est la conviction d’O. Bartov, lui qui a cherché à reconstituer une histoire en première personne de l’Holocauste.
Les sociétés qui effacent leur passé en pensant par là éliminer leur culpabilité ne font que menacer leur avenir. Telle est la conviction d’O. Bartov, lui qui a cherché à reconstituer une histoire en première personne de l’Holocauste.
Les historiens de la Shoah ont souvent écrit l’histoire du génocide commis par les Nazis à l’encontre des juifs d’Europe en se fondant sur des sources officielles et en insistant sur ce qui, à leurs yeux, en constituait la singularité, à savoir le caractère organisé, méticuleux, industriel, froid et, pour tout dire, essentiellement « moderne ». Dans ses travaux, Omer Bartov propose au contraire d’écrire une histoire du génocide « en première personne » en se fondant sur des sources aussi diverses que des témoignages, des journaux tenus par des perpétrateurs, des victimes ou des habitants des lieux où ont eu lieu les tueries, des photographies, des traces matérielles. Sans ignorer les possibilités de souvenirs biaisés, partiels ou partiaux, il fait au moins autant confiance, pour reconstituer ce passé personnel, aux propos tardifs de témoins qui ont mis longtemps avant de pouvoir parler, qu’à des documents étatiques dont les biais ne sont pas moins évidents et qui, par définition, passent sous silence un aspect essentiel de ce génocide, la dimension personnelle, le face à face entre bourreaux et victimes. Bartov rappelle en effet qu’une part importante des juifs qui ont été assassinés ne l’ont pas été dans les chambres à gaz du système concentrationnaire, mais sur les lieux mêmes où ils ont vécu en Europe orientale, au milieu de leurs voisins et connaissances, tout particulièrement en Galicie, région disputée entre la Pologne et l’Union soviétique au cours du second conflit mondial, et aujourd’hui intégrée à l’Ukraine indépendante.
Bartov, né en Israël en 1954 et enseignant désormais aux États-Unis, fait lui-même partie de cette histoire puisque sa mère était originaire de Buczacz, une petite ville située dans la région de Lviv – autrefois Lemberg ou Lwov – et qu’il a choisi d’écrire au plus près un récit de l’extermination de l’importante communauté juive de cette localité lors de l’occupation allemande de 1941 à 1944 [1]. La question qui intéresse Bartov est de comprendre d’une part comment de jeunes hommes – les soldats de la Wehrmacht et pas seulement les troupes spécialisées dans le meurtre de masse [2] – ont pu en venir à commettre des tueries sur des personnes dont ils ont vu les yeux, qu’ils ont parfois côtoyées, avec lesquelles ils ont dans certains cas parlé avant de les assassiner d’une balle dans la tête. Mais il cherche aussi à reconstituer la manière dont une coexistence entre communautés – Juifs, Ukrainiens, Polonais – qui n’a certes jamais été harmonieuse, a pu ainsi se transformer et connaître pogroms, nettoyages ethniques et pour finir, meurtres de masse. Dans cette histoire, dit Bartov, il n’y a pas de spectateurs passifs et tous sont parties prenantes, car l’occupant allemand n’aurait pu éliminer la communauté juive sans le concours des populations locales, polonais comme ukrainiens, pour identifier les juifs, les rassembler, les mener à la mort. Certains ont dénoncé les juifs et aussitôt occupé leurs maisons et accaparé leurs biens, d’autres ont aidé leurs voisins juifs et les ont cachés, parfois au péril de leur propre vie, mais parfois aussi pour finir par les dénoncer après les avoir dépouillés de leurs avoirs et bijoux.
Qu’est ce qui transformé de jeunes hommes en tueurs ? La réponse, pour Omer Bartov, ne fait pas de doute : on leur a appris à croire qu’ils font face à un dangereux ennemi, un ennemi qui a fait d’eux des victimes dans le passé et qui le fera à nouveau si on lui donne l’occasion. Ayant étudié la vision du monde des soldats de l’armée allemande ainsi que l’image qu’ils se faisaient d’eux-mêmes, Bartov en a conclu qu’ils avaient intériorisé une conception de leur adversaire – les juifs, les bolcheviks – comme des sous-hommes, comme des animaux infra humains dépourvus de tout droit. Une telle intériorisation conduit ceux qui commettent des atrocités à se dédouaner de toute culpabilité et à attribuer la responsabilité des massacres à leurs ennemis, à ceux qu’il faut éliminer avant qu’ils ne nous tuent [3].
Qu’est ce qui a transformé une cohabitation de longue date – qui n’était certes pas sans conflits – en volonté d’éliminer toute présence et même toute trace de l’autre ? Pour beaucoup, l’éruption de violence de 1941-1944 était inévitable, comme si le mélange des communautés et des croyances était par définition instable et menacé à tout moment par le surgissement du nationalisme meurtrier. Il s’agit là, selon Bartov, d’une lecture rétrospective de l’histoire car personne, dit-il, « n’aurait pu, en 1941, anticiper l’ampleur et l’horreur de ce qui allait se produire ». On ne peut ainsi prétendre que certaines sociétés sont simplement enclines à la violence en raison des tensions qu’elles recèlent, et que les nations « civilisées » ne peuvent rien y faire. La vérité est que si le potentiel de violence existait, il a fallu, pour qu’il se déclenche avec cette virulence, l’intrusion d’un envahisseur étranger, précisément issu d’une prétendue civilisation « supérieure » et poursuivant des buts d’extermination qui lui étaient propres, qui avaient été déterminés indépendamment de toute considération portant sur les rapports des populations concernées entre elles, et qui ne pouvaient être atteints que par une violence extrême.
Écrivant une histoire personnelle, Bartov explore les lieux, les sites, les traces des communautés disparues mais il se heurte à une réalité omniprésente : la volonté de ceux qui sont restés d’effacer jusqu’à la mémoire de ceux qui ont été éliminés ou chassés. Ainsi, l’Ukraine a voté – en avril 2015 – une loi « sur le statut juridique et le fait d’honorer la mémoire des combattants pour l’indépendance de l’Ukraine au XXe siècle ». Il s’agit d’honorer la mémoire des individus qui se sont rendus coupables d’épuration ethnique aux dépens des résidents des régions de Galicie et de Volhynie d’origine polonaise en 1943-1944, ainsi que de complicité dans le génocide des juifs de ces régions. La loi ukrainienne, dit Bartov, « considère comme légales toutes les formes et méthodes de lutte pour son indépendance au cours du XXe siècle », et déclare qu’elle incriminera tous ceux qui « feront preuve publiquement d’une attitude manquant de respect à l’égard de ces combattants héroïques de la libération », y compris les membres de l’organisation fasciste OUN et de sa branche armée, l’UPA, ainsi que tous ceux qui « nieraient publiquement la légitimité de la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine ». Plus spécialement, la loi énonce que « les nationaux ukrainiens, les étrangers ainsi que les apatrides qui expriment publiquement un manque de respect pour les personnes mentionnées à l’article 1 de cette loi – c’est-à-dire les combattants pour l’indépendance de l’Ukraine au XXe siècle – seront poursuivis en accord avec la législation ukrainienne en vigueur », car « la négation publique de la légitimité de la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine au XXe siècle et le dénigrement de la dignité du peuple ukrainien, sont contraires à la loi ». Les Polonais ont fait la même chose en votant une loi qui criminalise la négation de la réalité du crime de génocide commis par les nationalistes ukrainiens à l’encontre des Polonais de ces régions.
Cette répression ou cette réécriture du passé, dit Bartov, est grosse de dangers, car « l’aspiration à construire un avenir prospère et plein d’espoir sur la base d’un passé déformé, de construire de nouveaux édifices sur les corps à demi enterrés de victimes oubliées, ou de reconditionner les reliques des propriétés réquisitionnées sans même une mention de l’identité et du destin de leurs anciens propriétaires », est une entreprise malsaine qui entretient la culpabilité honteuse et le doute sur l’innocence de ceux qui la conduisent, voire même sur le droit de leur nation à exister et à s’épanouir.
Selon Bartov, les sociétés qui effacent leur passé ne négligent pas l’histoire, elles ne parviennent pas à la mettre de côté. Au contraire, elles en deviennent comme obsédées. Fascinées par un silence qui est en réalité fait de conflits, de bains de sang, de subjugation, une histoire dans laquelle elles sont les victimes – et les héros – tandis que les autres sont les perpétrateurs et les criminels. Mais une telle tentative d’effacement est une impasse car, « sans incorporer dans leur propre culture et leur propre identité l’intégralité de leur riche passé, de ce passé plein de catastrophes et de violence tout autant que de créativité et de diversité » ces sociétés ne peuvent qu’échouer à affronter l’avenir avec confiance et solidité tant, dans ces conditions, « tout exercice de démocratisation et de libéralisation a des chances d’être entravé par la xénophobie, le racisme et l’autoritarisme » (p. 180 & 192).
Parce qu’il est né en Israël, qu’il y a fait ses études et qu’il a combattu dans les forces armées de ce pays, Omer Bartov sait que cette histoire d’effacement sans oubli est aussi la sienne. Il esquisse en effet un parallèle entre le destin de la coexistence multiethnique qui prévalait dans les villes de l’Europe orientale où vivait une forte communauté juive et le destin de la coexistence entre juifs et Arabes en Palestine avant la guerre. Dans les deux cas, le nettoyage ethnique a succédé à une forme de coexistence qui était réelle, même si elle était conflictuelle. Et dans les deux cas, le nettoyage ethnique s’est accompagné d’une volonté de faire disparaître les traces de communautés qui avaient vécu dans ces lieux pendant des générations, les juifs en Europe orientale, les arabes en Palestine, ces derniers étant devenus une minorité dans leur propre pays (p. 151).
En Israël aujourd’hui, le seul fait de mentionner des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité que les Israéliens auraient pu commettre est sacrilège, considéré comme une trahison du sionisme et comme de l’antisémitisme. La loi interdit la commémoration de la nakba (c’est-à-dire de faire de la date de la naissance de l’État d’Israël un jour de deuil), et elle cherche donc à effacer la mémoire de cet événement, mais ce n’est que l’autre face de la loi qui commande de se souvenir de l’holocauste, de ne jamais oublier.
Bartov trace également un autre parallèle entre le message que percevaient les Juifs d’Europe orientale avant la guerre – qu’ils n’étaient pas des autochtones, qu’ils n’étaient que de passage, en transit, et qu’ils feraient mieux de faire leurs valises s’ils tenaient à la vie – et celui que les juifs eux-mêmes, arrivés en Palestine, ont adressé aux Arabes palestiniens, à savoir qu’eux aussi n’étaient que de passage sur une terre qui n’était pas la leur, qu’ils constituaient un peuple lui aussi en transit et appelé à s’effacer (p. 159). En leur qualité de peuple ayant vécu la majeure partie de leur histoire en transition, dit Bartov, les juifs n’avaient aucun mal à se représenter la population arabe comme elle aussi en transition, comme habitant sur cette terre mais n’étant pas de cette terre, même si elle y avait vécu si longtemps. Il ne leur était pas si difficile de penser que l’origine des Arabes était ailleurs, comme l’avait été celle des juifs lorsqu’ils vivaient en Europe, et que c’est à cet ailleurs qu’ils appartenaient, que cet ailleurs était leur chez eux.
Mais, en Israël, l’effacement et l’apologie, comme la revendication de la légitimité, d’un droit sur cette terre, sont en quelque sorte travaillés de manière lancinante par la réalité qui survit. Comment les juifs pourraient-ils se sentir définitivement chez eux alors que la population palestinienne « déplacée » vit au milieu d’eux ou à leurs frontières immédiates, manifestant constamment sa présence, ne pardonnant jamais ? Ce doute devient, selon Bartov, « une partie de l’être et de l’esprit des israéliens ». Le déplacement qu’ils ont subi se heurte constamment à celui qu’ils ont fait subir en sorte que, pour finir, « il semble que personne ne soit revenu chez soi, que personne ne soit chez soi, que chaque pouce du sol soit disputé, conquis, occupé, colonisé et recouvert ». Et au fil de la construction de murs de séparation, de clôtures, de barbelés, de checkpoints, à force d’enfermer leurs voisins [4], il devient de plus en plus difficile pour eux de se sentir chez eux, « et l’incertitude, le doute et la peur sont partout ». La double expulsion, le heurt des tragédies, les tentatives d’effacement qui les accompagnent deviennent comme une hantise, une plaie qui ne peut se refermer. « La terre est patiente » dit Bartov, « car elle vu des peuples arriver et partir ou être chassés » mais, dit-il « les peuples bouillonnent, contraints et inconfortables dans leurs espaces, violents et apeurés. Ils ne sont pas chez eux ».
Déplacer, tenter d’effacer les traces et le souvenir de ceux qui ont été chassés ne peut donc guérir un doute qui finit par se traduire en violence, en une fuite en avant qui tente illusoirement de s’en débarrasser. Les Israéliens d’aujourd’hui habitent dans leur propre mythe de création, oublieux d’une réalité diasporique qui est pourtant l’origine de leur existence. Ils revendiquent un droit sur la terre, droit qu’ils affirment fondé sur une foi et une tradition qu’ils ont en large partie oubliées. « La seule chose qui leur reste, selon Bartov, est leur indigénat, qui est par définition plus récent et plus ténu que celui de ceux qu’ils ont expulsés. C’est pourquoi il doit s’appuyer sur le feu et le glaive » (p. 175-176).
La violence est ainsi intimement liée à la volonté d’effacement car, après avoir expulsé les Palestiniens, les juifs ont compris que cette terre ne serait jamais véritablement la leur en raison de la présence de ce peuple de déplacés hors d’une terre qui avait été la sienne auparavant. Cette situation est grosse de dangers car, en Europe orientale, ceux qui ont déplacé les juifs ont au contraire le sentiment que la terre qu’ils occupent est désormais la leur sans aucune ambigüité ni contestation.
Mais pour cela, il leur a fallu non pas repousser les juifs à leurs frontières, mais les éliminer ou du moins acquiescer à leur élimination par les Allemands. Ceci voudrait dire que les juifs ne se sentiront réellement chez eux en Palestine que le jour où les Palestiniens auront été éliminés, que lorsqu’ils n’auront pas seulement été chassés mais que toute trace de leur présence et même de leur existence aura été effacée. C’est bien la tentative d’effacement de la mémoire qui conduit à la violence.
Mais Bartov va plus loin en montrant que son pays est la proie d’une conviction qui ne peut que mener à cette violence. Parce que nous, juifs, dit-il, avons subi le mal, nous aurions le droit de le faire à notre tour, en sorte que c’est comme si les victimes de l’injustice absolue étaient à jamais innocentes des crimes qu’elles pourraient à leur tour commettre. De même, parce que nous, juifs, avons été victimes d’une tentative d’oubli, parce qu’on a tenté d’effacer nos souffrances, notre bonne foi ne saurait être soupçonnée lorsque nous affirmons que nous ne faisons pas souffrir sans nécessité impérieuse, que nous ne tentons pas d’effacer les souffrances que nous infligeons [5]. On nous a appris que ce n’est qu’en créant un État juif peuplé exclusivement de juifs qu’un autre holocauste pourrait être évité, mais la conséquence est que toute objection à la manière dont cet état a été fondé sera rejetée par la mémoire omniprésente – ne jamais oublier – du génocide des juifs. Quand on dit aux jeunes Israéliens que l’holocauste ne doit jamais se reproduire, on leur accorde donc licence de considérer toutes les menaces comme existentielles et de voir tous leurs opposants comme des nazis potentiels, « et le seul bon Nazi, bien entendu, est un nazi mort » (p. 196). Bartov lie ainsi la violence subie par les juifs à celle qu’ils continuent de perpétrer contre les Palestiniens, celle-là servant en quelque sorte de justification à celle-ci et la rendant possible. Il se pourrait cependant, dit-il, que la seule manière de mettre fin au déplacement « soit de cesser d’expulser et, au contraire, de laisser entrer, non plus de tracer des lignes de démarcation, mais de démanteler les barrières, de reconnaître que cette terre ne peut être un chez soi que si elle devient pour finir la patrie de tous » (p. 161).
En Galicie, dans l’Ukraine d’aujourd’hui, le passé multiethnique a été effacé et l’histoire réelle oubliée [6]. Il en va de même en Israël où le passé arabe palestinien a été l’objet d’une tentative de complet effacement mais, dit Bartov, nous ne pouvons pas espérer bâtir une culture et une société saines sur la base d’un effacement ainsi dissimulé : « Exactement comme les nations est-européennes devront se réconcilier avec la richesse d’un passé qui a été purgé et détruit, Israël ne deviendra jamais une société normale sans reconnaître les torts qu’elle a commis à l’encontre des Palestiniens » (p. 180 et 192).
par , le 22 janvier
Jean-Fabien Spitz, « Quand l’État refoule son passé », La Vie des idées , 22 janvier 2025. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/Bartov-Genocide-the-Holocaust-and-Israel-Palestine
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[1] O. Bartov, Anatomie d’un génocide. Vie et mort dans une ville nommée Buczacz, traduction française, Plein Jour, 2021.
[2] Cf. sur ce point l’interview d’Omer Bartov dans in Orient XXI, 5/09/2024 : Un historien du génocide face à Israël.
[3] O. Bartov, L’armée d’Hitler. La Wehrmacht, les Nazis et la guerre, Paris, Hachette, 2003. Dans l’interview à Orient XXI, Bartov dresse explicitement un parallèle entre la déshumanisation des bolcheviks et des juifs par l’armée allemande et celle des Palestiniens par les soldats de l’armée israélienne à Gaza, une comparaison qu’il avait formulée depuis longtemps et qui avait provoqué l’indignation d’Itzhak Rabin.
[4] Sur cet enfermement des Palestiniens de Cisjordanie, cf. N. Thrall, Une journée dans la vie d’Abed Salama. Anatomie d’une tragédie à Jérusalem, trad. Française, Gallimard, « Les Essais », 2026.
[5] O. Bartov, Interview à Orient XXI. Parlant d’une rencontre, en juin 2024, avec de jeunes soldats de retour de Gaza profondément opposés à ses positions et décidés à justifier les actions d’Israël dans cette guerre, Bartov dit ceci : « Sachant que j’avais parlé du risque d’un génocide à Gaza, ces jeunes gens étaient particulièrement désireux de me montrer qu’ils étaient humains, qu’ils n’étaient pas des assassins. Et oui, pour eux, non seulement leur armée était l’armée la plus morale du monde, mais ils étaient également convaincus que les dommages causés à Gaza en matière de victimes civiles et d’infrastructure étaient totalement justifiés. Tout était de la faute du Hamas, qui utilisait les civils comme boucliers humains ».
[6] Cf. O. Bartov, Contes des frontières. Faire et défaire le passé en Ukraine, trad. française, Paris, Éditions Plein Jour, 2024.