En vingt ans, le rayonnement politique, économique et culturel d’Astana s’est imposé, en Asie centrale et au-delà, à la faveur d’entreprises ostentatoires. Pour asseoir la place du nouvel État kazakhstanais dans la mondialisation, des urbanistes étrangers ont doté la jeune capitale d’une architecture syncrétique qui illustre l’ambition totalisante des autorités.
Au Kazakhstan, neuvième territoire le plus vaste du monde, grand comme cinq fois la France métropolitaine, la transition entre la fin du régime soviétique et l’émergence d’un État-nation indépendant se caractérise par un déplacement du centre politique.
Les capitales des républiques d’Asie centrale ont en majorité été fondées ex nihilo après la révolution bolchevique : Achgabat au Turkménistan, Bichkek au Kirghizstan ou Douchanbe au Tadjikistan. Aucune ne correspond à une capitale historique antérieure à la colonisation russe, ni même à une ville tout court. Seule Tachkent, avant-poste du Turkestan colonial russe, existait avant les années 1920. Ces villes restent, encore aujourd’hui, les centres politiques, sinon économiques et culturels, d’États devenus indépendants. Si le transfert des capitales, avec pour corollaire des processus de construction étatique et de légitimation du pouvoir, est courant (qu’on songe à Washington, Ankara ou Brasilia), Astana, la capitale du Kazakhstan, se distingue de ses consœurs par sa jeunesse, son paysage et le projet politique qu’elle incarne.
En 1997, Astana devient le siège du nouveau pouvoir politique – à plus d’un millier de kilomètres au nord de l’ancienne capitale, Almaty. Ce déplacement, qui permet de « recentrer » le pouvoir, auparavant situé à l’extrémité sud-est du territoire, inaugure une série de transformations politiques dont rend compte l’architecture composite d’Astana, où se mêle aux revendications nationales un désir d’ouverture au monde. L’entrée du Kazakhstan dans l’OMC en mai 2015 et l’accueil de la grande Exposition Internationale de 2017 le confirment.
De fait, Astana est en plein essor. Son développement reflète les mutations économiques, politiques et sociales que connaît le Kazakhstan depuis vingt-cinq ans. Le capitalisme, les nouvelles technologies et les migrations étudiantes font partie du quotidien de ses habitants. Peuplée d’environ 815 000 habitants en 2014 (contre 313 000 en 1999), la capitale est située au croisement de deux grands axes ferroviaires qui la relient aux bassins industriels de l’Oural et de Sibérie occidentale. Sa physionomie urbaine reflète les conquêtes politiques et économiques du régime de Noursoultan Nazarbaïev, soucieux de placer le Kazakhstan au cœur des échanges mondiaux. Les commandes passées à des architectes d’horizons très différents contribuent ainsi à l’insertion d’Astana dans des dynamiques globalisées. Paradoxe de l’affirmation nationale au XXIe siècle, ce sont des étrangers qui donnent à la ville les traits distinctifs de son paysage.
Une nouvelle capitale
À l’époque tsariste, c’est Orenbourg qui, sur l’Oural, avait servi de poste avancé pour la conquête et l’administration des steppes de l’actuel Kazakhstan. Plus tard, au temps des soviets, ce centre de décision locale migra vers le sud. Il s’implanta d’abord à Kyzyl Orda en 1925, puis à Alma-Ata en 1929 (nom officiel d’Almaty avant 1991). Lorsque l’URSS disparaît, Almaty conserve son rang, mais dès 1994, l’idée d’un « recentrage » à Astana voit le jour.
Performatif, le nom original d’Astana – qui signifie justement « capitale » en kazakh – fut adopté en 1998, un an après le transfert effectif du centre politique. L’idée de déplacer les compétences administratives centrales hors d’Almaty avait déjà effleuré l’esprit de certains dirigeants soviétiques. À l’époque, on songeait à Karaganda [1], ville industrielle importante, construite dans les années 1930 pour exploiter des gisements de charbon, car il était plus facile de rejoindre le centre du pays depuis les coins les plus reculés du Kazakhstan, plutôt que de devoir se rendre à l’extrême sud-est du territoire. À titre d’exemple, il faut trois journées et demie de train pour relier Atyrau, sur les bords de la mer Caspienne, depuis Almaty.
Ce n’est donc qu’après la chute de l’URSS que le transfert de capitale put avoir lieu. Et le premier acte juridique ouvrant la période astanienne du Kazakhstan indépendant et scellant le destin de la métropole Almaty date du 6 juin 1994. Il s’agit d’un décret du président Noursoultan Nazarbaïev, entré en vigueur le 23 mars 1995, et portant sur le « déplacement de la capitale de la République du Kazakhstan ».
La ville présente un espace urbain hétéroclite, avant tout partagé entre deux rives de part et d’autre de l’Ichim. La rive droite a été partiellement rénovée depuis 1997. C’est la plus ancienne, d’abord construite autour d’un fort cosaque du XIXe siècle, puis développée dans les années 1960, au moment où elle devint la tête de pont d’une vaste opération pionnière de mise en valeur des terres vierges. Elle prit alors le nom de Tselinograd – en russe, « cité des terres vierges ». On y trouve encore de l’habitat russe traditionnel, mais le grignotage progressif dont sont victimes les anciens quartiers proches de la rivière (l’Ichim, qui court vers l’Ob) menace les petites isbas, au profit des nouveaux ensembles. Les barres de cinq étages de type khrouchtchévien sont souvent rénovées mais les matériaux utilisés, de qualité moyenne, n’habillent que les façades et pignons, tandis que les arrière-cours sont laissées telles quelles. Forme de résurgence de la supercherie du village Potemkine, même si l’illusion n’est plus destinée au souverain mais aux visiteurs de marque.
Le patronyme de Grigori Potemkine (1739-1791), amant et conseiller de Catherine II de Russie, est resté célèbre, en référence aux « villages Potemkine » de Crimée. D’après une légende controversée, ces localités étaient spécialement apprêtées avant la visite de l’impératrice. Des historiens ont montré, à travers les correspondances des gens qui composaient les délégations en visite, que la préparation n’allait pas jusqu’à construire des façades en trompe-l’œil, mais que les itinéraires étaient en revanche soigneusement établis.
Quant à la rive gauche, elle est le lieu d’un urbanisme démonstratif qui tranche avec l’esthétique socialiste. En outre, l’intervention d’acteurs internationaux dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture place Astana au cœur de la mondialisation. N’est-elle pas la capitale d’un pays qui figure en première place parmi les exportateurs mondiaux d’uranium ?
Entre deux rives
Initialement installées sur la rive droite, dans les murs des autorités locales, aux abords de la grande place de l’ancienne Tselinograd où l’on trouvait aussi le Magasin universel central ou TSUM (Tsentralnyï Universalnyï Magazin, point de repère commun à de nombreuses villes soviétiques), les institutions républicaines ont ensuite émigré vers le site de la nouvelle ville, sur l’autre rive de l’Ichim. Conçu par l’architecte japonais métaboliste Kisho Kurokawa, l’un des principaux chefs de file d’un courant architectural japonais dans lequel il faut chercher à unifier le passé et l’avenir, le local et l’universel en une symbiose inspirée du métabolisme des organismes vivants, le plan de la nouvelle ville d’Astana dispose les différents organes du pouvoir aux quatre points cardinaux. À l’extrémité orientale de l’axe majeur – une esplanade de près de deux kilomètres – on a placé le palais présidentiel, cerné par un bras détourné de l’Ichim. C’est donc du soleil levant que partent les décisions de l’exécutif. Derrière cette « Maison blanche » ou Ak Orda [2], une pyramide de la Paix et de la Réconciliation accueille tous les trois ans le congrès des religions du monde. À l’opposé du palais, fermant la perspective, un grand bâtiment en fer à cheval abrite à la fois le Ministère de l’énergie et l’entreprise nationale KazMunaïGaz (mais le plus haut édifice à ce jour, surnommé « le briquet », est celui du Ministère des transports). KazMunaïGaz détient une minorité de contrôle dans le consortium géant du gisement de Kachagan, sur la mer Caspienne. Le potentiel énergétique du Kazakhstan assure en effet au pays une rente financière importante et ses gisements sont exploités notamment avec l’aide d’entreprises américaines, italiennes et françaises. Au centre de cette perspective est-ouest, la tour Baïterek, haute de 97 mètres – comme pour mieux rappeler l’année où la ville fut élevée au rang de centre politique – ressemble à un tronc d’arbre surmonté d’une sphère dorée qui la rend visible de loin, depuis les étendues de steppe qui s’étirent tout autour de la capitale. Elle fut conçue pour être le symbole d’Astana, tout comme la Tour Eiffel serait celui de Paris.
La nouvelle capitale se cherche ainsi une identité visible dans le bâti, bientôt destinée à figurer celle du pays dans son intégralité. Tselinograd-Astana, partiellement rénovée et donc à moitié neuve, voit par exemple en son paysage se multiplier les coupoles. Nombre de bâtiments officiels en sont coiffés. Cependant, cette coupolisation du paysage semble céder le pas à une expression de l’identité nomade, revendiquée dans cette ville aux allures de Sim City – ce jeu d’ordinateur consistant à construire la ville de ses rêves. Construit par Sir Norman Foster, célèbre architecte anobli par la Reine d’Angleterre en 1990, le Khan Chatyr ou « tente du souverain », inauguré en présence des présidents russe et turc, Dmitri Medvedev et Abdullah Gül, lors du 70e anniversaire du président Noursoultan Nazarbaïev, prend la forme d’une toile de verre abritant un grand centre commercial, des jeux pour enfants et une base de loisirs à l’atmosphère tropicale, pour que les citadins aisés puissent se réchauffer malgré la rudesse hivernale des steppes, le mercure pouvant en effet descendre sous les - 30°C.
C’est le genre de projet qui fait la renommée de la capitale. Sur le plan visuel, tous ces bâtiments bigarrés distinguent Astana des autres villes du pays. Et lorsque l’on arpente les rues d’Astana, on est vite frappé par le contraste qui règne entre la rive gauche et la rive droite, entre le neuf et l’ancien, entre les bâtiments typiquement post-soviétiques et la rénovation des façades, ou bien encore entre les nouveaux complexes d’habitation et les mikrorayons khrouchtchéviens. Mais plus encore, c’est la disparité des styles architecturaux caractérisant les bâtiments phares des quartiers les plus récents, en particulier sur la rive gauche, qui ne saurait laisser indifférent.
De ce point de vue, le paysage d’Astana démontre une forme de syncrétisme architectural que l’on analysera en détail un peu plus loin. Il semblerait que l’espace urbain serve de réceptacle pour des expressions culturelles fort diverses.
On y trouve en effet un immeuble aux traits sinisants, avec son toit en forme de pagode, des immeubles à l’allure bien plus futuriste, aux formes ovoïdes, tout droit sortis d’un film de science-fiction, des compositions aux accents presque New Age, faisant revivre les figures anciennes de la pyramide ou de la tente de feutre, habitat traditionnel des nomades d’Asie centrale. Cette diversité de formes n’interdit cependant pas une certaine unité dans l’emploi des matériaux (verre teinté, métal et marbre principalement), à l’instar du nouveau quartier d’affaire moscovite, la Moskva City. Ce disparate architectural, dont on pourrait croire qu’il n’est ni pensé ni voulu, est en fait la conséquence d’une interprétation particulière du concept de « symbolisme abstrait », développé par l’architecte japonais Kisho Kurokawa, que les responsables sur place, se refusant à exécuter aveuglément les directives du célèbre maestro, ont transmué en un éclectisme, au premier abord quelque peu déroutant, mais dont on peut établir la genèse.
Astana, symptôme des mutations urbaines post-soviétiques ?
De nombreux travaux consacrés à l’aire post-communiste (au sens large) prêtent l’attention à des bâtiments hors norme ou ayant fait l’objet de controverses, comme le palais de Ceausescu à Bucarest, devenu Maison de la République et Palais du Parlement ‒ troisième bâtiment le plus vaste au monde, en matière de volumes et de surface au sol, après le hangar de Cap Canaveral accueillant les fusées de la Nasa en Floride et la pyramide de Quetzalcóatl au Mexique. C’est en cela que les mutations urbaines à Astana, par-delà leur dimension visuelle et ostentatoire, sont véritablement post-soviétiques : le modus operandi est symptomatique de ce que l’on peut observer ailleurs, que ce soit à Ashghabat avec le quasi-monopole de Bouygues, ou bien dans certains capitales du Caucase. Qu’on songe à Tbilissi, la capitale géorgienne (son architecte, l’Italien Michel de Lucci, devenu le favori du président Saakachvili, construit des bâtiments officiels transparents, tel que le ministère de l’intérieur, pour souligner la rupture avec le culte du secret de la période précédente). C’est également un architecte italien, Manfredi Nicoletti, celui qui a construit une ville satellite à Makhatchkala, capitale du Daghestan (république autonome de la Fédération de Russie), qui est l’auteur de la toute nouvelle salle de concert centrale d’Astana, jouxtant le Palais Présidentiel.
Le Mabetex Group [3], responsable de la construction de cette salle de concert, a également réalisé le palais présidentiel Ak Orda, le Parlement ainsi que le Ministère des Affaires Etrangères et d’autres bâtiments publics d’Astana. Cette situation invite à prêter une attention particulière aux acteurs qui tirent parti des projets modernisateurs et des investissements dans le bâti des pays post-soviétiques, qui doivent tous composer avec un héritage en partie commun. Par ce biais, ils tentent d’accroître leur aura internationale, notamment par le sport, comme à Sotchi en Russie pour les jeux olympiques de 2014 ou bien à Astana et Almaty pour les Asiad [4] 2011.
Cette tendance à la promotion du pays par le biais d’événements culturels ou sportifs de grande envergure est également un trait spécifique de l’urbanisme démonstratif, à tendance récréative, en ex-URSS. Les jeux européens de Baku organisés en juin 2015 et la future Expo 2017 à Astana en sont des illustrations patentes.
On découvre ainsi que le même Mabetex Group s’est occupé de la rampe de saut à ski de Borovoïe [5] pour les jeux Asiatiques ainsi que du vélodrome d’Astana, infrastructure importante, puisque l’équipe portant le nom de la capitale (Astana Pro Team) compte à présent parmi les leaders mondiaux du cyclisme.
Il suffit de jeter un œil au plan de la ville pour prendre la mesure des grands travaux entrepris :
Figure 1. Astana vue du ciel, photographie satellite capturée sur le site GoogleMap (mai 2011)
L’espace urbain d’Astana porte encore les marques de trois époques successives : la période tsariste, l’ère soviétique, les années d’indépendance.
L’image satellite ci-dessous illustre les dynamiques spatiales ayant présidé au développement d’Astana depuis 1832, date de la fondation du fort cosaque (détruit depuis) à l’origine de l’urbanisation du site, au moment de l’expansion russe conquérante. Avant-poste militaire, la bourgade servit aussi de point de contact commercial entre les peuples nomades et les sédentaires ; on s’y échangeait du bétail, des produits agricoles et laitiers, des biens manufacturés, de l’artisanat, des bijoux, etc. La ville s’est donc étendue autour de l’ancien fort et de la halle marchande, qui fait face aujourd’hui à la mairie d’Astana.
Mais il ne reste que peu de traces de cette époque, mis à part un bâtiment sur le prospekt Respubliki dont on dit sur place que son enclos est original. Le tournant urbain suivant est de 1961, où l’on décide d’appliquer de façon pragmatique les conceptions de Nikolaï Milioutine (l’auteur de Sotsgorod) sur la ville linéaire, avec une répartition fonctionnelle partageant la ville en trois espaces : celui de l’industrie et du travail ouvrier au nord des rails, puis l’espace résidentiel, culturel, commercial et administratif entre les voies de chemin de fer et les rives de l’Ichim, et enfin, une mince partie de la rive sud de l’Ichim (aujourd’hui devenue rive gauche), consacrée à la détente, avec son parc boisé et ses datchas, dont peu subsistent à l’heure actuelle, remplacées qu’elles sont par ces pavillons individuels cossus que les élites nomment leurs cottages.
Puis en 1998, un concours remet au japonais Kurokawa la responsabilité de donner un visage particulier à la ville devenue capitale nationale. Les trois maîtres-mots de son projet pour Astana sont d’en faire la vitrine d’un pays indépendant, d’illustrer son rôle de centre politique et culturel à l’échelle de l’Eurasie et de la présenter comme l’archétype de la ville du XXIe siècle, avec comme concept principal le « métabolisme symbiotique » cher à l’architecte. L’étalement urbain de la rive droite est donc plus ancien que celui des nouveaux quartiers de la rive gauche, au sud de l’Ichim. Il s’est fait en partie le long de la voie de chemin de fer et en remplissage de cette zone entre rails et rivière.
Même à cette échelle d’observation, l’ordonnancement rationnel et géométrique des quartiers du pouvoir est patent, et la lecture aisée que l’on en fait est fonction du gigantisme qui caractérise cette partie de la ville. Ainsi, le palais présidentiel se détache du tissu urbain par trois dispositifs conjugués : le bras de rivière qui le contourne en un arc de cercle, les espaces verts qui l’entourent (hémisphère) et le périmètre sécurisé (barrières, portails, grilles), faisant obstacle à la circulation. Aucun véhicule ne peut donc y accéder à plus d’une cinquantaine de mètres, à moins d’y être autorisé par les gardes qui surveillent le va-et-vient. En cherchant à approcher Ak Orda, la résidence du chef de l’État, on s’aperçoit que les lieux sont sous protection renforcée. On ne peut d’ailleurs s’y rendre qu’à pied par la rivière ou le promontoire qui relie les deux « chandelles dorées », sauf à emprunter les deux avenues rectilignes, parallèles à l’axe du pouvoir et qui s’arrêtent net à l’endroit où commence le périmètre d’Ak Orda. Il existe en outre une dernière possibilité, celle de la voie spéciale qui mène à la résidence le long de l’Ishim, mais qui n’est pas accessible aux automobilistes. Il s’agit d’un itinéraire uniquement réservé au président et à ces hôtes, reliant directement la résidence à la route qui conduit à l’aéroport.
La symbolique des lieux et leur sacralisation politique sont donc rehaussées par le dessin général de la voirie et l’accessibilité des transports, conférant à la fonction et à l’homme qui l’exerce un statut particulier et unique, une distinction spatiale.
Effet collatéral d’une approche visuelle des bâtiments fortement symboliques, c’est dans cette partie restreinte de la ville, aujourd’hui la moins peuplée, que sont concentrés les principaux bâtiments que nous allons analyser. Nous laisserons donc de côté des pans entiers de la ville d’Astana, mais de façon tout à fait consciente. Car c’est une des conséquences du « complexe de capitole » décrit par Lawrence Vale dans Architecture, Power and National Identity (New Haven, Yale University Press, 1992), une étude comparative de la structure et du dessin des villes-capitales. En effet, Vale explique combien les régimes politiques « font un usage symbolique particulièrement appuyé de l’environnement physique » qui est d’autant plus marqué et concentré en un lieu circonscrit que la capitale occupe ses fonctions de façon récente. Que dire alors de l’architecture disparate que l’on observe à Astana ?
Une architecture faite de citations
Le paysage urbain d’Astana repose sur le recours à la référence architecturale. De ce point de vue, l’allusion à d’autres cultures est typique du post-modernisme, qui voit se multiplier les discours concurrents, après la faillite des grands récits totalisants tels que le marxisme ou le structuralisme.
Voyons donc à présent quels sont les bâtiments remarquables à Astana, qui sont autant d’illustration de ce phénomène, mais contribuent également à distinguer le Kazakhstan de ces voisins centrasiatiques, où les mutations urbaines sont parfois moins visibles.
Premier exemple notoire, le palais du président Nazarbaïev, qui sert aux réceptions officielles, aux discours et aux conférences de presse. Il se distingue par son faste somptuaire et sa taille imposante, surpassant son homologue d’Almaty, construit par Bouygues au début des années 1990, lorsque la ville du sud était encore capitale. Sa conception extérieure générale est néo-classique, avec une forme monolithique massive, aux lignes simples, des colonnades et une coupole à la teinte bleu azur, couleur du drapeau national que l’on retrouve à plusieurs reprises dans ce quartier, ce que signale déjà la photographie ci-dessous.
Figure 2. Ak Orda, la résidence du chef de l’État (Adrien Fauve, juillet 2010)
Les travaux pour la construction de ce palais auront duré trois ans, de septembre 2001 à décembre 2004. Bien que l’ouvrage soit en béton, la façade comporte une épaisseur de quarante centimètre de marbre italien. Le bâtiment, à la superficie totale de 36.720 mètres carrés, comporte quatre étages, auxquels il faut ajouter un imposant rez-de-chaussée, puisque sa hauteur sous plafond est de dix mètres, alors que les autres ne sont que de cinq mètres.
Le palais présidentiel est de style néo-classique imposant, auquel on a ajouté quelques éléments visuels pour le caractériser comme proprement kazakhstanais (coupole et aigle doré au sommet de la flèche). Sa composition est typique de la monumentalité du pouvoir en général et le place au rang des chefs d’État du monde entier. À ce titre, il faut relever le nom que lui donnent les habitants de la ville (Maison blanche ou Belyi dom, en russe) qui témoigne d’une comparaison avec la résidence du président des États-Unis.
Pièce maîtresse du dispositif qui confère à la ville son statut de capitale par la localisation manifeste du pouvoir dans cet édifice distinct des autres, tant par la richesse de son architecture d’intérieur que par la distance qu’il établit avec le reste du tissu urbain et donc avec la population, Ak Orda déclare, sur un mode performatif, la souveraineté du président de la république et démontre son appartenance au groupe social des chefs d’État.
Mais la référence à des éléments culturels exogènes se mêle à des citations architecturales qui dénotent un rapport intéressant au passé. Le paysage urbain d’Astana puise à la fois dans les formes ancestrales de l’habitat nomade mythifiés et dans la monumentalité bien connue du classicisme stalinien ou du futurisme soviétique d’avant-garde. Nulle table rase !
Passons désormais à un autre bâtiment, à l’allure imposante et doté d’un symbolisme lui aussi très évocateur. C’est le Khan Shatyr (en kazakh, « tente du souverain »), ouvert à l’occasion du 70e anniversaire du président Nazarbaïev le 6 juillet 2010 –, jour désormais férié. Malgré son usage commercial, il est lié à la figure du chef de l’État par son nom, la date de son inauguration et la place qu’il occupe sur le plan de la rive gauche, par sa position symétrique vis-à-vis d’Ak Orda, à l’autre bout de l’axe structurant la nouvelle ville.
Figure 3. Centre commercial Khan Shatyr, à l’autre extrémité de l’axis potestatis [Adrien Fauve, juillet 2010]
Par sa composition tout comme les modalités de sa fréquentation, ce bâtiment tranche avec celui que nous avons examiné précédemment. Si l’Ak Orda, d’accès hautement restreint et contrôlé, manifeste la distance symbolique entre le pouvoir politique suprême et ceux qui en sont les sujets, le Khan Shatyr est par définition un édifice ouvert au public, puisqu’il renferme un centre commercial et un espace de loisir. En plus d’être accessible, il est transparent, ce qui renforce le contraste avec la résidence du chef de l’État, dont on ne sait, sauf grâce à la télévision ou Internet, ce qu’elle contient et quelle est son apparence intérieure. Mais leurs dénominations, toutes deux liées à l’exercice du pouvoir, qu’il s’agisse de celui des anciens khans ou de l’actuel président – elles sont en kazakh (ce qui n’est pas le cas de tous les bâtiments dans la ville) ‒ et leur contenu, qui fait référence à l’histoire politique des steppes, car l’Ak Orda n’est autre que la Horde blanche ayant exercé sa domination sur une partie de la Russie après le morcellement de l’empire gengiskhanide, lient les deux bâtiments. Enfin, l’ouverture d’un shopping mall, centre commercial situé en plein cœur de la perspective autour de laquelle s’organise la rive gauche, eut lieu en 2010, au lendemain de l’anniversaire de la ville et de celui du président Nazarbaïev, signe que les constructions d’envergure se font sous son égide. Les travaux ont été conçus et supervisés par l’agence d’architecture britannique Foster and Partners, mais les mauvaises langues racontent que la taille réelle est plus modeste que ne le laissait présager le projet, en raison du détournement de certaines sommes allouées à sa construction. Enfin, un dernier élément rapproche les deux bâtiments : le spa luxueux qui est à son sommet et qui renforce la hiérarchie entre ceux qui y ont accès par leurs moyens financiers et ceux qui ne peuvent se permettre que le ravitaillement dans la grande surface au sous-sol. On observe donc une distance matérielle et symbolique entre le haut et le bas, la consommation de masse et les loisirs de la classe dirigeante.
Ainsi, le Khan Shatyr est de style « ethno-symbolique », dans une veine New Age de réhabilitation post-moderne des formes anciennes mais au service d’une fonction récréative et consumériste qui est éloignée de celle des tentes du chef de clan, qui recevait les voyageurs de passage et les représentants des tribus sous son contrôle.
Là encore, après le dessin général de Kurokawa et l’intervention de Norman Foster, on voit combien la modernisation urbaine est typique d’une problématique de la mondialisation : ce sont des architectes et des urbanistes étrangers qui sont chargés de sublimer une culture kazakhe aux racines nomades mythifiées.
Poursuivons la description des bâtiments remarquables construits dans Astana en une petite quinzaine d’années. À l’autre extrémité de l’axe majeur, arrêtons-nous à présent sur la pyramide conçue elle-aussi par Sir Norman Foster. Elle se trouve sur le même alignement que les deux édifices précédents, mais de l’autre côté de l’Ichim, sur la rive droite. Pour rehausser son caractère symbolique, afin d’en faire un haut lieu au sens propre comme au figuré, on a érigé une motte de terre. À la différence des deux autres bâtiments, la pyramide ne porte pas de nom traditionnellement kazakh et sa vocation est avant tout culturelle ‒ puisqu’elle abrite une salle de concert ‒, et œcuménique, dans la mesure où elle accueille tous les trois ans un congrès des religions du monde. C’est également en son sein que furent organisés les événements liés à la présidence kazakhstanaise de l’OSCE en 2010. Tout cela en fait un édifice à part, sorte de forum où sont rassemblées des personnalités de haut rang lors de symposia, diffusés à la télévision sur la chaîne Euronews par exemple, dépassant la diplomatie bilatérale traitée dans Ak Orda.
L’aspect de cette pyramide illustre encore une forme d’esthétique différente de celles déjà rencontrées plus haut. Après le néo-classicisme de la résidence du chef de l’État, l’ethno-futurisme du centre commercial, on se trouve là en présence de la réhabilitation du temple ou du mausolée égyptien, sans autre référence à cette riche civilisation que la simple forme du bâtiment. La fonction qui s’en dégage semble avant tout religieuse. Mais il y a aussi une dimension hautement politique, invisible de l’extérieur ainsi qu’à celui qui n’est pas au fait de la conception des plans de cette pyramide : son sommet abrite en effet une table ronde, en cohérence avec cette idée de dialogue interculturel, surmontée d’une centaine de colombes dessinées sur le toit de verre, où figure à la jonction des arrêtes un soleil conforme à celui qui est représenté sur le drapeau du pays. C’est l’expression des « nationalités » vivant dans la concorde sur le territoire de la république du Kazakhstan. Toutes figurées par l’oiseau de la paix, comme si les habitants vivaient sous un même toit.
Figure 4. La pyramide de la Paix et de la Concorde (Adrien Fauve, juin 2009)
Sans compter que cette forme géométrique simple a quelque chose de New Age, tout comme le drapeau. Il y aurait donc une sorte néo-paganisme en vogue à Astana. Enfin, les habitants de la ville s’amusent de ce que la pyramide puisse servir de tombeau à Noursoultan Nazarbaeïev, dont la dépouille n’aurait qu’à traverser la rivière comme les âmes traversent le Styx sur la barque de Charon.
Ainsi, que ce soit sur un mode laudatif ou péjoratif, sur un ton fier ou méprisant, ces deux bâtiments aux formes inhabituelles ne laissent pas indifférents des citadins qui expriment à l’envi leurs réactions, flatteuses ou critiques.
On trouve aussi plusieurs bâtiments à but récréatif, construits pour offrir des infrastructures de loisir à la population. Dans ce même ordre d’idée, le nouveau cirque, conçu en dur pour permettre d’organiser des spectacles malgré la rudesse du climat hivernal (tout comme à Moscou ou Almaty), possède une silhouette futuriste qui n’est pas sans évoquer l’atmosphère des films d’anticipation et les soucoupes volantes peuplant la science-fiction américaine des années 1950-1960. Mais celui d’Almaty fait également office de référence dans le langage architectural soviétique d’avant-garde (voir, sur ce sujet, Frédéric Chaubin, CCCP : Communist Cosmic Contructions Photographed, Cologne, Taschen, 2011).
Figure 5. Cirque d’Astana en forme de soucoupe volante (Adrien Fauve, juin 2011)
D’autres bâtiments relèvent d’une esthétique moins frappante, mais contribuent tout autant à l’éclectisme revendiqué par l’urbaniste en chef de la ville. On trouve donc des références à différentes cultures, des allusions architecturales plus ou moins explicites, contribuant, par cette esthétique de la citation, au syncrétisme clamé par les autorités comme une émanation de la vocation eurasiatique de la capitale. On comprend mieux, dès lors, la raison de cette apparente disparité entre bâtiments aux allures typiquement moscovites, implicitement américaines, visiblement moyen-orientales ou vraisemblablement chinoises, mettant en cause l’idée même d’un style national kazakh, sauf à croire qu’il résiderait dans l’unité conceptuelle de cette vision synthétique prônée par les urbanistes, et relèverait alors plutôt d’une logique de dépassement des nationalités au sens soviétique du terme au profit d’une identité kazakhstanaise englobante.
Figure 6. Le Triumph d’Astana rappelant les célèbres tours sœurs de Moscou (Adrien Fauve, juin 2011)
Cet immeuble résidentiel a été offert par Iouri Loujokov, alors maire de Moscou, à la ville d’Astana pour sceller le jumelage entre les deux capitales, prolongeant ainsi le lien unissant la métropole avec son ancienne colonie. Ce gigantisme typiquement stalinien n’est pas anodin, puisqu’il est la marque même de la domination soviétique sur son aire d’influence, comme en témoigne le palais de la culture de Varsovie. En effet, les Polonais n’ont jamais apprécié le gratte-ciel stalinien, copie des tours sœurs moscovites, qui leur a été imposé en 1955.
Mais si les références visuelles se limitaient à la culture architecturale soviétique, Astana n’aurait pas cette prétention à l’universel, cette vocation globalisante, qui fait la fierté des dirigeants du pays. Ces derniers sont toujours enclins à organiser de grands événements médiatiques, comme en témoigne le Forum Economique qui s’y tient chaque année, avec son lot de prix Nobel en économie ou d’ex-premiers ministres étrangers, invités pour inaugurer les échanges intellectuels.
De ce point de vue, il convient de prendre en considération le bâtiment du ministère des finances, dont la façade ne semble au premier abord ne rien comporter de particulier, mais qui, vu du ciel, a la forme du symbole de la devise américaine, le signe $ du dollar, comme pour rappeler la libéralisation des prix et la monétarisation de l’économie consécutives à la chute de l’URSS, et évoquant par là-même l’impact retentissant de la crise des subprimes en 2008. L’endettement des ménages kazakhstanais était alors élevé et les banques, tout comme les sociétés d’assurance, possédaient un montant important d’actifs dits toxiques « titrisés » (ou CDO, pour colateral debt obligations).
L’esthétique de la citation se confirme à mesure que l’on égrène les bâtiments aux styles les plus disparates, formant un ensemble au premier abord particulièrement hétérogène et éclectique : on s’écarte des traditions culturelles réputées typiquement kazakhes et l’on rencontre des formes qui empruntent à d’autres civilisations, comme par exemple à la Chine. De ce point de vue, l’ancrage eurasiatique de projet nationaliste kazakhstanais, porté par le régime Nazarbaeïev qui se met en scène dans la capitale Astana, se concrétise dans le bâti. La tour Beijing Palace pourrait surprendre. Mais ce serait oublier la prégnance de la CNPC dans le secteur de l’industrie pétrolière, à l’ouest du pays en particulier, et l’oléoduc Atashou-Alashankou, au cœur des relations de voisinage immédiat entre la Chine et le Kazakhstan, illustrant la fameuse « stratégie eurasiatique » qui fait du Kazakhstan un pont entre Chine et Russie, entre l’Europe et l’Asie.
Tour un peu à l’écart de l’axe central, elle recueille en son sommet un restaurant panoramique prisé des catégories supérieures et des expatriés. Il s’agit d’un plateau tournant sur lui-même, permettant aux convives d’apprécier durant le repas, de jour comme de nuit, la vue illuminée et multicolore sur la ville. Il faut environ une heure pour que la révolution soit complète, ce qui correspond à peu de choses près au temps nécessaire pour dîner. Comme le notait déjà Michel de Certeau, le panorama ajoute ainsi un certain agrément aux plaisirs de la nourriture : « Je me demande où s’origine le plaisir de ″voir l’ensemble″, de surplomber, de totaliser le plus démesuré des textes humains [6] », écrivait-il. Une jouissance spécifique serait donc suscitée par la saisie, d’un seul regard, du récent paysage urbain qui se dresse à Astana.
Figure 7. Beijing Palace à Astana, sur la rive gauche (Adrien Fauve, juillet 2009)
On a vu des bâtiments aux lignes rappelant les cultures égyptienne, chinoise, soviétique, mais aussi des immeubles d’un style plus « global », comme le ministère des finances, que l’on pourrait retrouver dans n’importe quelle ville en expansion sans pouvoir le situer immédiatement sur le planisphère. Mais à Astana, on trouve enfin des bâtiments jouant avec des formes simples et universelles, comme celui des Archives de l’Indépendance, qui associe l’ovoïde avec le pointu d’une proue de bateau. Il s’agit là, dans notre perspective d’analyse, d’une sorte de néologisme ou de mot-valise architectural.
Du reste, le rythme des constructions est tellement effréné qu’il arrive que des employés qui pratiquent ces nouveaux lieux se plaignent de la mauvaise qualité du bâti. Ainsi, dès le printemps 2007, quelque temps après son ouverture, on a pu recueillir des témoignages sur la mauvaise étanchéité du plafond des archives ; problème sérieux, pour un bâtiment censé abriter et conserver des documents officiels à long terme.
Figure 8. Les archives de l’Indépendance (Adrien Fauve, juillet 2009)
D’autres bâtiments sont également montrés du doigt. Mal chauffées et réfrigérées de façon très inégale, sans possibilité d’ouvrir les fenêtres, les deux tours jumelles dorées (figure 2) font office de repoussoir pour tous les fonctionnaires des administrations centrales vivant à Astana. Leur riche apparence est une sorte de cache misère. De ce point de vue, le primat analytique de la vue, focalisée sur l’apparence extérieure, est remis en cause par l’expérience quotidienne de ceux qui occupent ces locaux.
« Tu sais, j’ai hâte de changer de boulot rien que pour ça. C’est franchement pas agréable de travailler dans ces conditions. À certains étages, l’été, on étouffe car la climatisation ne marche pas. Ailleurs, il fait tellement froid qu’on doit venir en pull. Dans mon bureau, l’hiver, c’est intenable. Ça me fait rire, mais c’est un rire jaune. Quand tu vois les belles photos de la rive gauche, à la télé, c’est très visuel. Mais une fois que tu es dans cette réalité, c’est autre chose. J’ai un poste à responsabilité, mais la mentalité des fonctionnaires d’Astana me fatigue au bout du compte. Je préférerais aller dans le secteur privé. » (Adrien Fauve, entretien conduit en 2010 avec un fonctionnaire d’une trentaine d’années.)
Astana a beaucoup évolué depuis 1997 ; la réputation du Kazakhstan aussi, à l’échelle européenne voire internationale. Les succès sportifs de l’équipe cycliste « Astana », menée par Alexander Vinokourov, y sont sans doute pour quelque chose, même si le succès du film Borat a probablement joué son rôle. Paradoxalement, loin de cantonner l’image du pays à la caricature, il a sensibilisé le public à l’existence du Kazakhstan, qui devient peu à peu une destination touristique et un espace intégré dans la mondialisation des échanges et des flux d’information. De ce point de vue, l’Expo 2017 sur les énergies renouvelables sera un test instructif, tant pour les observateurs que pour les autorités et les agents économiques du pays. Reste à savoir ce qu’il adviendra le jour où Noursoultan Nazarbaïev, aujourd’hui âgé de 74 ans, quittera le pouvoir. Mais cela, nul ne peut le prévoir. La ville portera-t-elle son nom, à l’instar de Washington ou de Saint-Pétersbourg ?
Adrien Fauve, « Astana l’eurasienne »,
La Vie des idées
, 20 juillet 2015.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://laviedesidees.fr/Astana-l-eurasienne
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[1] Ce fut également un centre du Goulag, dont certains camps, tristement célèbres (tel celui qui a accueilli Soljenitsyne) jouxtaient la ville.
[2] Littéralement « Horde blanche » en kazakh. La Horde blanche fut le nom donné au royaume fondé dans le Kazakhstan actuel par un descendant de Gengis Khan.
[3] Dirigée par Behgjet Pacolli, qui fut brièvement président du Kosovo, cette entreprise de travaux publics s’est notamment illustrée en s’occupant de la résidence présidentielle russe dans la zone de villégiature de Sotchi ainsi que par la réalisation des travaux de restauration de l’opéra vénitien de la Fenice, sous la supervision de Gardella, après l’incendie criminel de 1996.
[4] Les jeux asiatiques d’hiver, dits « Asiad » ou « Asian games » organisés par le comité olympique d’Asie, qui compte une quarantaine de pays. Cette compétition sportive est considérée comme un prélude macro-régional aux olympiades mondiales.
[5] Lieu de villégiature au bord d’un lac situé à 300 kilomètres d’Astana dans une zone qui n’est pas spécifiquement montagneuse. Un célèbre sanatorium y accueillait les cadres du Parti communiste depuis la fin des années 1950. Avec le transfert de la capitale d’Almaty à Astana, les infrastructures hôtelières de tout standing ont fleuri.
[6] Michel de Certeau, L’Invention du quotidien, tome 1, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1990, p. 140.