Intervenants : Pierre Chassigneux (préfet, président de la SANEF), Jacques Delpla (conseiller-senior, marché des capitaux, BNP-Paribas), Alain Estival (président de la Fédération nationale des artisans taxis), Alain Trannoy (directeur de recherche à l’EHESS, directeur de l’IDEP).
Le rapport Attali rendu le 24 janvier 2008 proposait, entre autres mesures destinées à « libérer » la croissance française, d’augmenter le nombre de taxis. La profession est en effet très réglementée : les prix sont encadrés et un chauffeur doit disposer d’une licence afin de pouvoir exercer sa profession ; l’octroi de toute nouvelle licence est soumis à une décision du maire, ce qui conduit de facto à l’existence d’un numerus clausus.
Les débats de cette table ronde se sont ainsi concentrés sur la réglementation du nombre de taxis. Pour les économistes, le nombre actuel de taxis ne permet pas de répondre à la demande ; dans toutes les villes où la profession a été ouverte (Stockholm et Amsterdam, entre autres), la densité de taxis a fortement augmenté. Ainsi, une ouverture de la profession permettrait de répondre à un besoin et constituerait en même temps un gisement d’emplois important. Cette idée se heurte toutefois à la résistance des organisations professionnelles de taxis. En effet, la rareté générée par le numerus clausus a entraîné une forte augmentation du prix de la licence et cette dernière est devenue un investissement patrimonial pour les artisans. Une déréglementation du nombre de taxis entraînerait une baisse mécanique de la valeur de la licence que les professionnels en place ne sont pas prêts à accepter.
Le cas des taxis apparaît ainsi comme un cas d’école d’économie politique de la réforme : comment augmenter le nombre de taxis sans trop pénaliser les artisans en place ?
La table ronde a permis de confronter le point de vue des économistes, des pouvoirs publics et des professionnels. Pour les économistes, plusieurs scénarios sont envisageables : supprimer le système des licences tout en rachetant les licences existantes afin d’indemniser les professionnels en place ou encore distribuer de nouvelles licences aux artisans avec obligation pour ces derniers de les revendre immédiatement à de nouveaux entrants. D’un point de vue d’économie politique, la part excessive prise par les syndicats de taxis dans les négociations avec les pouvoirs publics a aussi été soulignée.
Les fédérations professionnelles, suivies sur ce terrain par le rapport Chassigneux du printemps 2008, prônent plutôt une régulation de l’activité du point de vue du service rendu : qualification des chauffeurs, fluidité du trafic et des axes routiers empruntés, etc.
Première intervention d’Alain Trannoy, directeur de recherche à l’EHESS, directeur de l’IDEP.
Intervention deJacques Delpla, conseiller-senior, marché des capitaux, BNP-Paribas.
Deuxième intervention d’Alain Trannoy, directeur de recherche à l’EHESS, directeur de l’IDEP.
Pour citer cet article :
Florian Mayneris, « Faut-il déréglementer les taxis ?. Les Journées de l’économie, Lyon, novembre 2008 »,
La Vie des idées
, 19 décembre 2008.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://laviedesidees.fr/Faut-il-dereglementer-les-taxis
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